Ce lundi 7 janvier, le mouvement des « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes », qui compte 28 000 infirmières et aide-soignantes sur Facebook, a organisé plusieurs rassemblements partout en France.
Né sur Facebook en octobre dernier, le mouvement des « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » (1), qui compte désormais plus de 28 000 membres, passe à l'action. Ce lundi 7 janvier, plusieurs rassemblements étaient organisés partout en France : Orléans, Clermont-Ferrand, Toulouse, Lille, Lyon, Marseille...
À Paris, alors que les médias avaient répondu présent, seule une vingtaine d'infirmiers et d'aide-soignants étaient au rendez-vous, fixé devant le ministère de la Santé. « Attentisme », « peur » de perdre son travail, réticence à laisser les patients et les collègues dans des services en sous-effectif... autant de freins qu'il faudra lever pour susciter le même « réveil blanc » qu'en 1988. « C'est notre première mobilisation, relativise Alexandra Saulneron, infirmière libérale en région parisienne. Le but est de se faire connaître pour rassembler plus de monde la prochaine fois. »
« Travailler en toute humanité »
Au micro des journalistes, les « Pigeonnes » ont dénoncé « la dégradation constante » des conditions de travail des soignants, menant « à la mise en danger du patient » et au burn-out. « La santé ne peut plus être rentable. On a besoin de travailler en toute humanité, de retrouver ce pour quoi on a voulu être infirmière ou aide-soignante », a martelé Alexandra Saulneron. « On n'ose pas parler de notre malaise. Quand on en parle, on nous répond "Il ne fallait pas faire ce métier" ou "Vous vous organisez mal" », témoigne Myriam, IDE intérimaire à Paris.
Revalorisation des compétences et des salaires, remise à plat de la nomenclature des actes infirmiers pour les libérales, création de postes pour avoir « plus de temps pour les patients » à l'hôpital... les revendications du mouvement ne manquent pas, mais n'ont pas encore trouvé d'échos au ministère de la Santé. Ces dernières semaines, 5000 à 6000 lettres ont pourtant été adressées à Marisol Touraine par les membres du groupe Facebook. Un compte Twitter a été créé pour témoigner du quotidien difficile des soignantes. Une pétition circule également sur internet; elle rassemble 5 300 signatures à ce jour.
Dès demain, le mouvement franchira une nouvelle étape en se constituant en association, présidée par Alexandra Saulneron. Les « Pigeonnes » n'ont pas fini de faire parler d'elles.
Texte et photo: Aveline Marques
1- L’appellation fait référence au slogan « Ni bonnes, ni connes, ni nonnes » du mouvement infirmier de 1988 et au groupe d'auto-entrepreneurs, les « Pigeons », qui se sont récemment mobilisés contre les mesures fiscales du gouvernement; ils ont ensuite été imités, sur Facebook, par les médecins.