Plus de 20 % des infirmières québécoises se déclarent exposées à des « comportements négatifs », selon une étude menée par des chercheurs en psychologie de l'Université de Québec. Mais, seule une minorité a conscience qu'il s'agit de harcèlement moral.
Article paru dans L'Infirmière magazine, daté du 15 février.
Selon une étude québécoise, rendue publique mi-janvier, une infirmière sur cinq serait victime de harcèlement moral au travail. Constatant le nombre réduit d’enquêtes nationales en la matière, des chercheurs en psychologie de l’Université de Québec ont interrogé près de 1 200 infirmières travaillant dans les établissements publics de la Belle Province.
Dans un premier temps, ils ont sondé la fréquence des « comportements négatifs » associés au harcèlement subis par les soignantes au cours des six derniers mois : devoir accomplir une tâche en-deçà de ses compétences, avoir à gérer une quantité de travail trop importante, ou encore faire l’objet d’une surveillance excessive. Résultat : 20,4 % des infirmières y ont été exposées au moins deux fois par semaine. Les principaux responsables désignés sont les cadres infirmières (37,3 % des déclarations), les collègues (27,1 %) et les médecins (16,9 %).
Turnover
Dans un second temps, les chercheurs ont interrogé le ressenti des soignantes. Fait surprenant, seules 3,8 % des sondées affirment avoir été victimes de harcèlement moral. « La profession d’infirmière est particulièrement stressante et exigeante ; l’exposition à des comportements négatifs est considérée comme faisant partie intégrante du travail », explique l’auteure de l’étude, Sarah-Geneviève Trépanier.
Enfin, les infirmières étaient amenées à répondre à des questions sur leur motivation, leur efficacité au travail, leur volonté de quitter leur poste, ou encore sur leur état de santé (anxiété, dépression, migraine…). Autant d’éléments affectés négativement par le harcèlement au travail, au risque de compromettre la sécurité des soins et d’alimenter le turnover infirmier. Les soignantes exposées aux comportements négatifs ont, en effet, plus fréquemment fait part de leur intention de démissionner. Un phénomène inquiétant, à l’heure de la pénurie de personnel soignant au Québec.
Aveline Marques
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