Alors qu’un pic de départs à la retraite est prévu en 2014, les écoles spécialisées peinent à faire le plein, notamment par manque de financement pour les formations. Le congrès de la Sfar, organisé fin septembre à Paris, a été l’occasion pour les Iade de tirer la sonnette d’alarme
S’agissant de la démographie des infirmiers anesthésistes, les données du répertoire Adeli pourraient, certes, paraître rassurantes. Au 1er janvier 2012, 8 758 Iade étaient enregistrés, soit une progression du nombre de diplômés d’environ 50 % en dix ans. « Mais, ces chiffres ne tiennent compte ni des sorties de la profession, ni des mobilités », a prévenu Jean-Pierre Anthony, président du Comité d'entente des écoles d'infirmiers anesthésistes (CEEIADE) et directeur de l’école d’Iade de Strasbourg, lors du congrès de la Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar), fin septembre, à Paris.
Des tensions sur le marché du travail pourraient apparaître très vite, au regard de la pyramide des âges des infirmiers anesthésistes. Près du quart des professionnels en exercice doivent partir en retraite d’ici cinq à dix ans ; un pic de départ est prévu en 2014.
Cantonnés au bloc
Or, le nombre de candidats au concours d’entrée des écoles ne cesse de diminuer. Il est passé de 1 800 en 2008 à 1 400 en 2011. En raison de cette baisse des candidatures, les écoles ne remplissent plus leur quota. « En 2011, nous avons formé seulement 466 professionnels, alors que nous disposions d’un agrément pour 710 étudiants », s’est inquiété Jean-Pierre Anthony. Ce sont les difficultés rencontrées par les IDE pour obtenir le financement de leurs études qui seraient en cause. En 2011, près de 160 infirmiers admis ont demandé un report de formation pour cause d’absence de financement. Les fonds ne sont pas toujours accordés l’année suivante ; des dizaines d’IDE ont, ainsi, dû renoncer à leur projet, alors qu’ils avaient, pourtant, passé le concours avec succès. « Les plans de retour à l’équilibre des hôpitaux se répercutent directement sur les crédits de la formation continue », a précisé le président du CEEIADE.
Le risque de pénurie est bien réel, puisque les entrées dans la profession ne semblent plus suffisantes pour pallier les départs. Actuellement, les Iade sont principalement affectés à l’anesthésie, en bloc opératoire. Les postes en Samu-Smur, en réanimation ou dans les centres d’évaluation et de traitement de la douleur sont de plus en plus rares, alors qu’ils entrent dans le domaine de compétences des infirmiers anesthésistes. C’est tout un pan de la qualité des soins à l’hôpital qui risque de pâtir du manque d’Iade.
Joëlle Maraschin
Article paru dans L'infirmière magazine daté du 15 octobre.