Les infirmiers anesthésistes en grève toute la semaine

04/10/2010

Les infirmiers anesthésistes en grève toute la semaine

Après la mobilisation du 1er octobre, la réponse musclée de la police et l'absence d'avancée dans les discussions, les grévistes promettent « une radicalisation du mouvement ».

Depuis 7 heures ce lundi matin, les infirmiers anesthésistes, représentés par trois syndicats et les collectifs locaux, font le siège du ministère de la Santé. Dans le même temps, en province, la mobilisation s’organise autour des agences régionales de santé. Bruno Franceschi (CGT) précise que «tous ceux qui n’auront pas reçu leur assignation préfectorale en bonne et due forme seront couverts par le préavis de grève». L'objectif, dans les blocs, est de réduire l'activité «au seul service minimum», «pour la prise en charge des urgences», précise le préavis.

Rassemblés vendredi sur les Champs Élysées puis devant le 8, avenue de Ségur, les Iade (plus de 2000 manifestants selon les syndicats) voulaient peser dans les discussions pour garantir l’exclusivité de leurs compétences, une reconnaissance de leur formation au grade de master et une revalorisation salariale correspondante (1).

Après une confrontation violente avec les forces de l’ordre (voir notamment cette vidéo de LCI), les syndicats sont «sous le choc». Bruno Franceschi et Olivier Youinou (Sud Santé) déplorent «14 interpellations, avec deux collègues en gardes à vue au motif de violences envers des agents, suivies de comparutions immédiates samedi. Les procès auront lieu le 1er décembre prochain. Ils ont été menottés, mis à poil devant les flics, c’est une honte !»

Pas de mandat pour négocier

La délégation reçue au ministère, qui a décidé « de ne pas sortir avant d’avoir obtenu satisfaction», a été évacuée manu militari vers 20h30 (2). Marie-Ange Saget, présidente du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia) s’inquiète de «la stigmatisation des Iade […] On nous fait passer pour des terroristes. Un policier nous a même dit qu’ils n’avaient pas l’autorisation de charger ainsi dans les banlieues. »

« Une fois de plus, on a discuté avec quelqu’un qui nous a dit d’emblée ne pas être mandaté pour négocier », peste Olivier Youinou, qui assure que cette semaine, le mot d’ordre restera le même, «ouvrir le dialogue». « Madame Bachelot ne connaît pas le dossier, elle ignore notre mouvement, notre profession et les 7500 infirmiers anesthésistes qui la composent », assure-t-il. « Elle ne nous a pas reçu en personne une seule fois depuis le début du mouvement en mars », s’insurge Bruno Franceschi.

Samedi, sur RTL, la ministre affirmait les avoir «écoutés» et «entendus». «Je rencontre des délégations d’infirmiers anesthésistes toutes les semaines. Je me déplace tous les lundis et vendredis dans des établissements hospitaliers (…) les problèmes qui sont posés et les sujets qui sont en travail, nous les connaissons (…), nous allons aboutir.»

Soutenu par la Société française d'anesthésie et de réanimation (« qui s’est prononcée lors de son congrès en faveur de nos revendications », dixit Marie-Ange Saget), le mouvement va rester vigoureux dans les prochains jours. Et Olivier Youinou d’insister : « le binôme médecin anesthésiste – infirmier anesthésiste, c’est ce qui garantie la haute sécurité en anesthésie, on ne la brade pas ! »

Texte et photo
Rémi Vaugeois

 

1- Le ministère s’est à engagé par écrit (notamment par des courriers aux syndicats cet été) à garantir l’exclusivité de compétences  des Iade, et à aboutir à une reconnaissance de la formation au grade de master. Mais toute la difficulté réside dans les détails… En ce qui concerne la rémunération, le gouvernement propose de recourir, pour partie, à des primes, ce que refusent les syndicats. Lesquels dénoncent le protocole du 2 février 2010 (traduit dans les décrets qui viennent de paraître) et la réforme des retraites en cours.
2- Lire ce communiqué du Snia.

 


 

EN BREF…
 
Atteinte à la presse
Lors des heurts près des Champs Elysées, un de nos confrères du site Actusoins.com a été malmené par les forces de l’ordre. Il « refuse de lâcher son outil de travail, les policiers le jettent sur le sol, lui écrasent le visage sur le trottoir tout en lui donnant quelques coups de matraques. Notre cadreur est finalement menotté (…), son matériel et ses lunettes délibérément cassés par les CRS », précise le site.
 
Soutien socialiste

Vendredi, Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, est venu soutenir les Iade face au ministère. « Nous partageons avec eux les mêmes ambitions pour l'hôpital public, nous ne voulons pas d'une santé low-cost qui serait nuisible à l'immense majorité des français », a-t-il déclaré.

Les puéricultrices exigent elle aussi le master

Dans un courrier adressé le 30 septembre au Premier ministre François Fillon, des représentants des infirmières puéricultrices «exigent» que le ministère de la santé «se positionne officiellement sur la masterisation de la formation des infirmières puéricultrices».

«Nous avons pris acte que le niveau de master universitaire est acquis pour les infirmiers anesthésistes (...) Il serait inacceptable que les trois spécialités [infirmières] ne soient pas traitées de la même manière», déclarent le président de l'Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes (ANPDE), Sébastien Colson, et le président du Comité d'entente des écoles préparant aux métiers de l'enfance (CEEPAME), Jean Marchal.

Rappelons que les Ibode réclament également une reconnaissance de leur formation au niveau master (lire ici).

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