« Le temps du plein emploi semble révolu », s’inquiète la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers, dans un « état des lieux » de la formation et de l’emploi infirmier.
Depuis le mois de septembre, les témoignages affluent à la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), ainsi que sur les réseaux sociaux : les jeunes diplômés rencontrent des difficultés pour trouver un emploi. Devant « l’absence totale de données chiffrées sur le sujet », l’association a mené sa propre enquête, à laquelle elle met la dernière main.
Le phénomène est, en effet, déroutant pour une profession à laquelle sont, d’ordinaire, promises de nombreuses créations d’emploi. La Fnesi a contacté les agences d’intérim au niveau national et régional, et recoupé ces informations avec les témoignages recueillis.
Zones noires
Premier constat : le secteur hospitalier est « principalement » concerné, et les intérimaires sont « touchés de plein fouet ». La Fnesi a réalisé une carte de l’emploi qui identifie deux zones noires où l’accès à l’emploi infirmier hospitalier est très difficile : la Bretagne et le littoral aquitain. La situation est tendue en Basse et Haute-Normandie, dans le reste de l’Aquitaine, en Alsace, en Corse et, plus surprenant, dans le Limousin. Même dans les régions où la situation reste bonne – le Centre et la Bourgogne, la plus grande partie des régions Rhône-Alpes et Île-de-France - les agences d’intérim constatent, là encore, « un ralentissement de l’emploi » et un « raccourcissement des missions », rapporte la Fnesi.
Dans ces conditions, certains jeunes infirmiers se voient contraints d’accepter des postes d’aides-soignants. Ils continuent, cependant, à bouder des secteurs pourvoyeurs d’emplois. Les Ehpad et les services de gériatrie continuent à souffrir « du désamour des jeunes diplômés ». Des postes dans les services de pédiatrie restent aussi vacants, car les infirmières ont manqué d’occasion pour « se former aux particularités des soins chez l’enfant et le nourrisson ».
Une gestion des quotas à revoir
La Fnesi avance plusieurs facteurs d’explication. Tout d’abord, la réforme LMD, en 2009, a raccourci la formation en soins infirmiers à 6 semestres, au lieu de 38 mois. Conséquence : « En 2012, il y a eu deux promotions diplômées ». Ensuite, « les restrictions et contraintes budgétaires des établissements hospitaliers » entraînent une compression des dépenses en personnel.
La Fnesi conteste surtout la gestion régionale des quotas d’entrée en Ifsi, sans prise en compte de la situation nationale : « Des régions qui ont des difficultés à recruter obtiennent une augmentation de leurs quotas », explique Ève Guillaume, étudiante en 3ème année et présidente de la fédération. Pourtant, 24 % des jeunes diplômés changent de région une fois leur diplôme en poche.
Caroline Coq-Chodorge
Pour aller plus loin, lire notre enquête sur le chômage des infirmières à paraître dans L’Infirmière Magazine, daté du 1er février.