Les « Ni bonnes » font le deuil de la profession | Espace Infirmier
 
Les « Ni bonnes » font le deuil de la profession

25/03/2013

Les « Ni bonnes » font le deuil de la profession

Après un premier rassemblement en janvier, les infirmières du collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » ont dénoncé leurs conditions de travail en organisant des happenings dans plusieurs villes de France, samedi 23 mars.

Sur le dallage polychrome du parvis des Droits de l’Homme (Paris 16e), face à la tour Eiffel, huit housses mortuaires sont alignées. Seuls quelques visages aux yeux clos en émergent. Sur le tissu blanc, on peut lire « Patients en danger », « Nous portons le deuil de nos professions » ou « Pour que le soin reste humain ».

Ce happening parisien fait partie de la mobilisation lancée par le collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes », dans 26 villes françaises, samedi 23 mars.

« Les patients sont en danger et nous aussi »

« Nous portons symboliquement le deuil du système de santé, explique Alexandra Saulneron, présidente du collectif. Nous assistons à la mort de la bientraitance. Comme nous ne pouvons plus faire notre travail correctement, les patients sont en danger et nous aussi ».  C’est pour dénoncer la dégradation des conditions de travail des soignantes qu’une infirmière a lancé sur Facebook le mouvement « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » en octobre 2012. Aujourd’hui, le groupe compte plus de 35 000 membres, essentiellement des infirmières et des aides-soignantes.

Selon le collectif, la pénurie d’infirmières dans les services est telle que de nombreuses soignantes sont à bout. « Je sors tout juste d’un burn-out, témoigne Gaëlle, infirmière à l’hôpital Saint-Antoine (Paris 12e). On ne cesse de nous déléguer des tâches alors qu’on manque déjà de personnel ! Je viens manifester pour dénoncer la maltraitance indirecte dont souffrent les patients à cause de la politique du chiffre en vigueur à l’hôpital. »

Pendant le happening, quelques dizaines de militantes, vêtues de noir et d’un masque de chirurgien, distribuent des tracts. Elles proposent aux passants de signer une pétition exposant les problèmes d’effectifs et de matériel dont souffrent les soignantes. Odile, touriste venue de Normandie, a signé sans hésiter. « Quand on entend que les hôpitaux refusent des patients, comme cette femme enceinte dont le bébé est décédé en février… Je ne pense pas que ce soit la faute des infirmières ! On n’aimerait pas tomber malade en ce moment », lance-t-elle.

Manifestation le 12 mai

Le collectif prévoit d’envoyer la pétition à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. « On l’a déjà contactée, mais on n’a eu aucune réponse », déplore Alexandra Saulneron. Le collectif compte lui soumettre ses propositions : l’instauration d’un quota soignants-patients, la création de masters spécialisés et d’une vraie filière de sciences infirmières, l’abrogation de la tarification à l’activité, la mise à plat de la nomenclature pour les libérales, un vrai statut pour les aides-soignantes ou encore la réintégration de la pénibilité dans le calcul des retraites.

Le collectif assure qu’il multipliera les happenings jusqu’à ce que les autorités réagissent. Un grand rassemblement est d’ores et déjà prévu pour la Journée internationale de l’infirmière, le 12 mai. On n’en saura pas plus… « Mais on prépare quelque chose, sourit Alexandra Saulneron. Nous devons absolument continuer à assurer notre mission de vigilance. »

Texte et photo: Hélène Colau

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