Les personnes âgées, cibles privilégiées des gourous

Extorsion de dons, captation d'héritage, voire mauvais traitements et privation de soins... Dans son rapport 2011-2012, remis jeudi 25 avril au Premier ministre, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires consacre un chapitre entier aux risques de dérives sectaires auxquels peuvent être exposées les personnes âgées.

Le « cas le plus courant » est celui des auxiliaires bénévoles qui viennent visiter les résidents en Ehpad et qui, instaurant une relation de confiance, « peuvent leur soutirer des dons, legs, remises en nature, avantages financiers, etc., pour leur propre compte ou pour celui du mouvement auquel ils appartiennent ».

Exposition du personnel

Autre risque « à ne pas négliger » : les formations professionnelles délivrées par des mouvements sectaires aux personnels des établissements. « Le secteur sanitaire et social est particulièrement exposé, souligne la Miviludes. Compte-tenu du stress et des conditions de travail réputées difficiles, certains employés peuvent être sollicités et séduits par des actions de formation dans les domaines du "coaching", du "développement personnel", de la "gestion du stress", de la "confiance en soi", autant de mots qui doivent alerter. »

La vulnérabilité des personnes malades en fait des proies de choix pour les gourous thérapeutes. Attirés par des promesses de guérison, les personnes âgées placées dans des maisons de retraite médicalisées peuvent recourir à des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique, souvent coûteuses et parfois dangereuses pour leur santé quand elles induisent « l'arrêt des traitements de la médecine classique ».

Les soins palliatifs, un point d'entrée

Le risque de dérive sectaire est encore plus grand dans le domaine des soins palliatifs. « La médecine classique peut ne pas apporter de réponse satisfaisante pour apaiser la souffrance des malades et de leur famille, relève la Miviludes. Le groupe sectaire, avec ses réponses toutes faites et séduisantes, dispose alors d'un point d'entrée particulièrement sournois et efficace. »

Le rapport évoque, enfin, le cas des personnes âgées vivant en milieu sectaire. Souvent oubliées, ces dernières subissent des « maltraitances de même type que celles qui peuvent exister hors d'un milieu sectaire mais elles sont souvent aggravées par les conditions de vie particulières liées à l'enfermement, et sont édictées par les fantasmes du gourou » : privations et carences diverses, obligation de contribuer à des travaux physiquement éprouvants, humiliations, situations d'isolement, refus de soins, ventes ou achats de biens imposés...

Personne de confiance

La Miviludes formule plusieurs propositions pour protéger les personnes âgées dans les établissements : renforcer le rôle du conseil de la vie sociale ou encore désigner une personne de confiance lors de l'admission dans un établissement médico-social. La mission recommande également d'interdire aux bénévoles et associations non reconnues d'utilité publique intervenant au domicile des personnes âgées de pouvoir bénéficier de dons, legs et avantages financiers de toute nature. Quant aux directeurs et personnels des établissements médico-sociaux, ils doivent être mieux sensibilisés aux risques de dérive sectaire dans le domaine de la formation professionnelle.

Aveline Marques