Près de 300 personnes ont manifesté hier devant le siège de l’AP-HP, pour réclamer l’ouverture de négociations sur les moyens accordés aux représentants du personnel, et pour dénoncer les effets des restructurations hospitalières.
Près de 300 personnes, majoritairement des élus syndicaux, se sont rassemblées hier devant le siège de l’AP-HP, pour réclamer l’ouverture de négociations sur les moyens alloués aux représentants du personnel au niveau des comités techniques d'établissement (CTE), et dénoncer les restructurations hospitalières en cours et le manque de personnel.
Appelés à manifester par l’intersyndicale Usap-CGT, FO, Sud, CFDT et CFTC, les élus présents protestaient contre la réduction des moyens et des heures qui leur sont alloués depuis la mise en œuvre du regroupement des hôpitaux en groupements hospitaliers. En effet, alors qu’avant la loi HPST, il y avait un CTE par établissement, « l’AP-HP préconise désormais la mise en place d’un seul CTE par groupe hospitalier. Cette organisation réduit de fait les moyens et les heures alloués aux élus du comité central d'établissement (CTEC) et des comités locaux (CTEL) de l’AP-HP, qui n'ont plus la possibilité matérielle d'exercer correctement leur mandat électif », dénonçait l’intersyndicale dans un communiqué. Devant le siège de l’AP-HP, les élus présents ont donc crié leur colère face à ce qu’ils assimilent à un « déni de démocratie », explique Rémy, cadre de restauration à l’hôpital Joffre Dupuytren. L’intersyndicale avait fait ses calculs : « ces modifications se sont accompagnées d'une réduction du nombre d'élus de 708 à 271, soit 72 270 heures en moins pour la représentation des personnels »... un chiffre confirmé par la direction des ressources humaines de l’AP-HP.
« Défendre les intérêts du personnel »
« Vu le contexte actuel – les restructurations en cours, et ses effets en termes de casse du service public, défendre la représentation syndicale, c’est défendre la possibilité de défendre les intérêts du personnel », estime Jean-Michel Geay, employé à l’agence des équipements et produits de santé (l’ex pharmacie centrale), et délégué CFDT. Sur les banderoles accolées sur la façade du siège de l’AP-HP, les slogans disaient d’ailleurs l’inquiétude. « Urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou en grève » ; « non à la fusion Louis Mourier cash de Nanterre » ; « maintien de la neurochirurgie et des urgences de Beaujon » ; « non à la privatisation des services techniques et logistiques »… Non syndiqués, plusieurs membres des urgences de l’hôpital Georges Pompidou étaient d’ailleurs présents à cette manifestation, pour dire leur raz le bol. « Chaque jour, nous avons entre 8 et 20 pré-portes - des patients des urgences qui devraient être hospitalisés dans différents services mais qui n'ont pas de place – qui attendent dans les couloirs, sur des brancard. C’est inhumain, indigne. C’est de la maltraitance ! » explique Noémie, infirmière. « Des groupes de travail, qui doivent rendre leurs conclusions au plus tard le 31 mars prochain, ont été mis en place par la direction. Mais ce que l’on craint, c’est qu’encore une fois, on ne nous propose que des solutions éphémères pour parer à cette situation de crise », renchérit Janick, elle aussi infirmière.
En fin de journée, après onze heures de discussions, une « discussion » sur les moyens de représentation des syndicats a finalement été ouverte. La direction générale de l’AP-HP, et quatre des cinq syndicats qui avaient appelé à manifester (Usap-CGT, SUD, CFDT et FO), ont signé un protocole d'accord sur les moyens attribués aux représentants des personnels élus dans les CTE, au niveau central et par groupe hospitalier…. Les négociations sont ouvertes. Affaire à suivre.
Emmanuelle Debelleix
photo: Henri Castelas