Les signalements de violence à l'hôpital en hausse

Un patient qui insulte et tire les cheveux d'une infirmière des urgences de Narbonne (Aude), une soignante frappée par un visiteur à l'hôpital de Villefranche-sur-Saône (Rhône)... Ces deux faits divers, qui se sont déroulés ces derniers jours, ne sont que la partie émergée de l'iceberg. La violence, physique ou verbale, est le lot quotidien des personnels des établissements de santé. En témoigne le dernier bilan de l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), dévoilé ce mardi 11 juin.

30 % en Ile-de-France

En 2012, 11 344 signalements d'atteintes aux biens et aux personnes ont été effectués par 352 établissements sanitaires et médico-sociaux, représentant 12 % des établissements de France (1). C'est près du double du nombre de faits de violence signalés en 2011.

Mais, cette hausse serait surtout dûe à une participation accrue des établissements de santé : en 2012, 77 nouveaux déclarants ont été recensés, parmi lesquels les 37 établissements que compte l'Assistante publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). L'AP-HP concentre à elle seule 88 % des signalements en Ile-de-France, qui représentent 30 % des statistiques nationales.

Les atteintes aux biens (dégradation, vol, incendie volontaire...) constituent 29 % des déclarations, contre 71 % pour les atteintes aux personnes. Celles-ci se répartissent équitablement entre agressions verbales (insultes, menaces...) et physiques (occupations des locaux, bousculades, crachats, coups, agressions sexuelles...).

47 % des atteintes aux personnes sont des violences physiques, 25 % des injures et des insultes, 20 % des menaces et 1 % (67 signalements) des violences de niveau 4 (agressions avec armes, crimes...). La présence d'une arme (arme blanche, bombe lacrymogène, bistouri voire... canne) reste exceptionnelle : elle a été constatée à 30 reprises.

3 420 signalements pour les infirmières

84% des victimes de violence sont des membres du personnel et 10 % des patients. Les infirmières arrivent en tête des personnels les plus touchés avec 3 420 signalements, contre 3 391 pour le reste des personnels soignants et 603 pour les médecins. Les patients sont les principaux auteurs des violences (78 %), suivis des visiteurs (13 %) et du personnel (4 %).

Comme en 2011, la psychiatrie recense à elle seule 25 % des atteintes aux personnes, le plus souvent liées aux pathologies des patients. « Les remontées assez conséquentes dans cette activité désignent peut-être un personnel de plus en plus vulnérable, pour qui la violence, même liée à la pathologie, semble de moins en moins tolérée », relèvent les auteurs du bilan annuel. Les urgences (14 % des signalements) et la gériatrie (10%, en hausse) complètent le podium.

Aveline Marques

1- 30 % des hôpitaux publics, 10 % des établissements de santé privés et 0,12 % des établissements médico-sociaux, qui avaient accès à la plate-forme de déclaration pour la 1ere année. Les infirmières libérales n'y ont pas accès.

Pour aller plus loin, lire l'article à paraître dans L'Infirmière magazine n°326, daté du 1er juillet.