Une conférence était organisée, mardi 16 octobre à Clermont-Ferrand, sur le thème de l'accompagnement au deuil des proches d'un défunt. Dans la salle, une majorité de professionnels de santé attentifs aux conseils du psychologue Denis Landry, qui forme régulièrement les équipes soignantes confrontées à la mort. Morceaux choisis.
Marie-Thérèse Robert est infirmière de nuit au Centre médical Les Sapins, à Ceyrat, dans le Puy-de-Dôme. Ce mardi 16 octobre, elle a fait le déplacement jusqu'au centre diocésain de Pastorale, à Clermont-Ferrand, où est organisée une conférence sur l'accompagnement au deuil des proches d'un défunt. Marie-Thérèse, souvent confrontée à la mort, veut savoir « quels sont les mots à dire ou à ne pas dire » aux familles. Deux intervenants animent cette mini-formation, mise sur pied par le groupe de pompes funèbres Dabrigeon : Denis Landry, psychologue, et Patrice Pereton, directeur de Dabrigeon Funéris. Dans la salle, autour de 170 participants, majoritairement des professionnels de santé. Denis Landry assure justement, depuis 20 ans, des formations à destination des équipes soignantes, qui doivent régulièrement faire face à la mort. Ses paroles, émaillées d'anecdotes et de mises en situation, trouvent rapidement un écho dans l'assistance traversée d'émotions, passant parfois en quelques secondes du rire à la gravité.
« D'abord écouter »
Des rires se font précisément entendre dans l'amphithéâtre, alors que Denis Landry dépeint les soignants qui déguerpissent à la vue, au loin dans les couloirs, des familles « difficiles ». « Ce n'est pas dans l'évitement que l'on apprivoise les autres, invite-t-il à réfléchir. Vous n'avez pas envie de croiser cette famille, au contraire, il faut aller au-devant d'elle, dites-lui bonjour. » Plusieurs mots se répètent : écoute, naturel, simplicité et honnêteté. « Je suis toujours étonné de voir qu'on se casse la tête pour savoir ce que l'on va bien pouvoir dire aux familles, mais on oublie une chose tellement fondamentale : il faudrait d'abord les écouter, remarque le psychologue. Si je les ai écoutées, je saurai beaucoup mieux leur parler. »
Denis Landry s'attarde sur la fin de vie avant de parler du décès. Comment l'annoncer au téléphone ? « Le plus simplement du monde : " Je suis Stéphanie, de l'Ehpad des Champs fleuris; j'ai quelque chose à vous dire qui n'est pas très facile. Je suis désolée, votre maman est décédée ". » On peut demander au proche s'il veut qu'on prévienne des gens pour lui et « on lui dit qu'on surveille son arrivée. » Comment répondre aux questions des familles ? « Je ne dirai peut-être pas tout, mais tout ce que je dirai sera vrai », recommande le Dr Landry. « Dire que la personne est morte sur sa chaise-pot, cela n'apporte rien d'utile ». Est-ce qu'elle morte seule ? « C'est un peu difficile d'avouer qu'on a trouvé la personne morte mais, si on explique qu'on l'avait vue à 22 heures, qu'on lui avait replacé ses coussins, la famille est capable de comprendre si elle sait que tant qu'elle était vivante, on a fait quelque chose pour elle. »
En alternance avec Denis Landry, Patrice Pereton évoque le métier de conseiller funéraire, détaille les rites funéraires chez les musulmans, israélites, bouddhistes... A la sortie, Marie-Thérèse, qui craignait de se montrer parfois « gauche » envers les familles, est finalement confortée dans sa manière de faire : « Être simple, naturelle et à l'écoute, sans essayer d'élaborer des stratégies compliquées pour aborder ce moment-là. »
Sandra Jégu