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03/11/2021

Les soins de bouche cruciaux pour la mère et l’enfant

Les 1 000 premiers jours de vie sont considérés comme une étape capitale dans le développement, et la santé bucco-dentaire de la mère comme de l’enfant, souvent délaissée, nécessite une grande attention. Un point souligné lors du XXIIe colloque national de santé publique, organisé le 29 octobre par l’UFSBD et Santé publique France.

« Il n’y a pas de santé sans santé bucco-dentaire. Le capital dentaire est installé dès la naissance et toute lésion est irréversible, a rappelé Benoît Perrier, président de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) lors du XXIIe colloque national de santé publique, organisé le 29 octobre par l’UFSBD et Santé publique France. La bouche raconte une histoire. L’état bucco-dentaire est vraiment le reflet des conditions de vie et le signe des inégalités sociales. »

Des troubles liés au mauvais état de la bouche

Les professionnels de santé, généralistes et spécialistes ont rappelé les enjeux cruciaux des soins de bouche et mis l’accent sur l’importance « de travailler sur la prévention et la santé globale de la bouche car la thématique bucco-dentaire ne se limite pas à la carie », a martelé Benoît Perrier.

Ainsi, « les troubles de l’oralité secondaire [ou phase orale volontaire, ndlr] peuvent empêcher le développement de la mastication. Or, manger est une expérience sensorielle », a précisé Benoît Chevalier, kinésithérapeute pédiatrique à Angers. Aussi, une mauvaise santé bucco-dentaire impacte la capacité à développer son autonomie alimentaire et génère de nombreuses difficultés. Par ailleurs, « un enfant qui respire ventile par la bouche et s’il a des problèmes bucco-dentaires, il a aussi des problèmes de respiration qui peuvent entraîner une apnée du sommeil », explique Jean-Louis Sixou, professeur des Universités et responsable de l’odontologie pédiatrique au CHU de Rennes. Il insiste sur la nécessité de « former tous les professionnels de santé à la cavité buccale. Par exemple, les biberons de lait la nuit sont une catastrophe pour la santé buccale car ils entraînent une dégradation rapide des dents. »

Actions de terrain et discours adapté

Par manque de temps et de formation, les professionnels de santé en contact avec les futurs et jeunes parents se sentent démunis. Nathalie Knezovic-Daniel, sage-femme coordinatrice en maïeutique, cadre de pôle au CHRU de Strasbourg, maternité de Hautepierre confirme : « Une consultation de femme enceinte dure vingt minutes, et pour une sage-femme, la bouche n’existe pas ! Le moment où elle en parle c’est lorsque la femme enceinte présente un état buccal délabré. Elle n’a pas de formation spécifique alors qu’elle pourrait faire passer le message car à ce moment précis de la naissance, les personnes sont plus réceptives. »

Sur le terrain, les choses bougent quand même. La Caisse nationale militaire de Sécurité sociale (CNMSS) a mis en place, avec les directrices de crèches, au départ à Toulon et désormais dans toute la France (35 crèches sur 43, soit plus de 900 enfants en 2021) en partenariat avec l’UFSBD, une action de sensibilisation. « Nous menons une intervention de vingt minutes avec une grosse mâchoire et des marionnettes, et nous utilisons un discours adapté, souligne Nathalie Toledano, chirurgien-dentiste conseil à la CNMSS. Ensuite, nous passons dans les sanitaires avec un gobelet et une brosse à dents, et l’enfant volontaire doit refaire le geste. C’est très rare que les enfants refusent. Ils repartent avec un kit de brossage adapté pour les 18 mois-3 ans. Et le soir, nous faisons passer le message aux parents. » Dans les Bouches-du-Rhône, un partenariat entre l’UFSBD 13 et le Conseil départemental a été signé afin de former les sages-femmes des PMI. Le but est d’agir de manière assez large en ciblant aussi les infirmières scolaires. « Le risque de caries est aussi familial et il est très difficile d’intervenir dans les milieux défavorisés, il faut rassurer les parents sur ce qu’ils font et s’adapter à chaque enfant », explique Anne Abbé-Denizot, vice-présidente de l’UFSBD.

Dommage, comme l’a déploré Benoît Perrier, que « le volet bucco-dentaire n’apparaisse pas dans le défi des 1 000 premiers jours ».

Une communication amplifiée

La communication pour sensibiliser sur l’importance de cette période ne cesse cependant de prendre de l’ampleur, depuis la remise du rapport de la commission des 1 000 premiers jours au gouvernement en septembre 2020. Après l’application mobile de promotion de la santé sortie en juillet dernier, Santé publique France et le ministère de la Santé et des Solidarités ont lancé le 26 octobre une campagne à destination du grand public intitulée « Devenir parent, c’est aussi se poser des questions ». Outre un site Internet qui met à disposition les informations scientifiques récentes sur les besoins fondamentaux de l’enfant, elle prévoit la diffusion de deux spots réalisés par Thomas Tilti, réalisateur et médecin généraliste, du 3 novembre au 7 décembre, sur les principales chaînes de télévision et la TNT. M6 diffusera du lundi au vendredi à 20 h 20, du 6 au 31 décembre, un épisode dédié aux 1 000 jours abordant chacun un thème différent. Enfin, quelque 180 000 professionnels de santé ont reçu une affichette conçue pour les salles d’attente ainsi qu’un marque-page à remettre aux parents et futurs parents.

Isabel Soubelet

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