Libérales : la FNI interpelle le Président

12/03/2010

Libérales : la FNI interpelle le Président

Le syndicat a envoyé lundi une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy pour lui rappeler que les infirmiers libéraux souhaitent relever le « défi présidentiel » de la refondation du système de santé. À condition d’y être associés…

Une prise de parole à quelques encablures du premier tour des régionales ? Sans malice, c’est en réaction à l’accumulation de déclarations engageant l’avenir de la médecine de ville que la FNI a réuni la presse le 11 mars.

Au rang des déclarations qui l’ont amenée à agir : l’arrêté sur les coopérations entre professionnels de santé du 31 décembre (lire notre article), le discours présidentiel à Perpignan en janvier (1), suivi de celui de Laon le 2 mars (2).

Lors de ce dernier, Nicolas Sarkozy a déclaré en guise de feuille de route que «la médecine libérale doit prendre sa part des gardes et doit être disponible pour recevoir à n'importe quelle heure des patients (...) pour que l'hôpital ne soit plus seul pour accueillir tout le monde». Il a aussi assuré qu'il miserait sur «la responsabilisation des médecins libéraux», réexaminée dans le cadre de la mission Legmann.

Pour Philippe Tisserand, président de la FNI, «les infirmiers libéraux n’ont pas attendu pour assurer la continuité des soins. C’est même une obligation légale. Dans les zones de neige cet hiver, si les facteurs ont réduit leur rythme de distribution hebdomadaire, ce n’est pas le cas des libérales qui ont continué de se rendre chez leurs patients à la même fréquence que d’habitude. C’est pourtant difficile de faire admettre les évidences…»

Qui coordonne ?
Le 8 mars, la fédération a donc adressé une lettre ouverte au président de la République. «Nous avons accueilli avec satisfaction la volonté du chef d’Etat, annoncée au cours de ses vœux, de refonder la médecine de ville. Le triptyque médecin généraliste-pharmacien d’officine-infirmière libérale est essentiel. Mais là où les ego ont péché, c’est que tout le monde veut coordonner… » La FNI déplore également que la mission pilotée par le président du Conseil national de l’ordre des médecin, Michel Legmann, soit menée « par une équipe d’experts exclusivement composée de médecins, connaissant peu ou pas le domaine libéral ».

La fédération, qui a demandé audience auprès du chef de l'Etat, recommande l’organisation d’assises « pour une organisation rénovée du système de santé de ville » auxquelles elle propose d'associer ses partenaires médecins de ville et pharmaciens d'officine, avec le concours des ministères impliqués.
 
Recours en contentieux
La FNI s’est dite profondément inquiète du « démantèlement » du décret de compétences infirmières, tel qu’il s’esquisse dans l’arrêté du 31 décembre 2009. Ce texte ouvre en effet la possibilité au premier prescripteur de transférer des tâches à du personnel peu ou pas qualifié, sur simple attestation d’expérience et non de qualification. «C’est la mort des diplômes», assène Philippe Tisserand. « Ce qui pourra se faire en HAD pourra ensuite être étendu à d’autres structures telles que les Ssiad, les centres de dialyse, voire les maisons médicales… », alerte Daniel Guillerm, vice-président du syndicat. Les représentants de la FNI ont donc fait savoir qu’ils avaient déposé un recours contentieux au Conseil d’Etat concernant l’arrêté. Leur jugement est sans appel : «Sous couvert d’améliorer la coopération, il ne faut pas faire n’importe quoi. La loi HPST ne doit pas devenir une loi déprofessionnalisante.»
 
Privilégier les protocoles
En matière de piste concrètes, la FNI s’est contentée de rappeler les pratiques qui fonctionnent déjà comme l’ajustement de doses des AVK, le contrôle des diabétiques insulinodépendants, etc. «Plutôt que de se concentrer sur le modèle anglo-saxon des primary care trusts (3), de construire des murs et désorganiser le système ambulatoire, faisons preuve d’efficacité ! Rien ne s’oppose dès aujourd’hui, dans les textes existants, au partage de compétences sur un mode protocolisé, entre médecins et infirmiers. »
 
Candice Moors


1- Discours du 13 janvier relatif à la mise en place de la mission Legmann sur l’évolution de la cartographie et l’organisation relative des acteurs. En ligne ici.

2- Discours prononcé à l’occasion d’une table ronde consacrée à l'avenir de la fonction publique.

3- Centres de santé communautaires.

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