Le premier Observatoire national des professions libérales de santé met à jour un malaise général et un manque de confiance dans l’avenir... À l’exception notable des infirmiers libéraux. Étonnant !
Il fallait une étude pour y croire : les infirmiers sont les professionnels libéraux de santé les plus optimistes ! Même si le premier Scan CMV Mediforce* 2012 modère l’enthousiasme de ces résultats, en précisant que c’est seulement en comparaison avec leurs collègues, imprégnés du pessimisme ambiant, que les infirmiers se distinguent... L’enquête a été conduite par la Sofres auprès de 450 libéraux : infirmiers, pharmaciens, médecins généralistes et spécialistes, dentistes, kinésithérapeutes et vétérinaires. Présentée à la fin du mois de novembre dernier, elle montre des Idels qui sanctionnent par une note de 7,1 sur 10 la « situation actuelle de leur profession ». Une jolie note, là où la moyenne de l’ensemble des professionnels atteint péniblement les 5,8 sur dix.
77 % exerceraient à nouveau leur métier
L’argent ne fait visiblement pas tout, puisque leur situation au bas de la grille des revenus n’entache pas cette bonne humeur. Et lorsqu’on leur demande s’ils exerceraient à nouveau leur métier si c’était à refaire, ils sont 77 % à répondre par l’affirmative. Mieux encore, ils recommanderaient très favorablement ce métier aux plus jeunes (65 % des infirmiers libéraux interrogés contre 43 % toutes professions confondues). Et en lui donnant un beau 6,2 sur dix, les infirmiers envisagent positivement l’avenir de leur profession. À titre de comparaison, ce sont les pharmaciens qui attribuent la plus mauvaise note à leur situation actuelle (4,3 sur dix) et à leur avenir (3,9), déconseillant aux jeunes de prendre le flambeau (à 75 %). Ils redoutent la baisse de leur chiffre d’affaires, dans un contexte marqué par la concurrence accrue d’Internet, la crainte de la vente des médicaments en grande surface, et la baisse des remboursements.
Prêts à investir
Pour autant, les infirmiers ne cèdent pas à un optimisme béat. Toujours vigilants, ils attendent une plus grande reconnaissance de la profession et une revalorisation de leurs actes, histoire de compenser d’éventuelles hausses des charges... Ils marquent toutefois leur singularité positive en estimant réaliser – et ce sont bien les seuls – un plus grand nombre d’actes qu’avant (55 % contre 38 %) et à se féliciter (45 % contre 23 %) d’un bon feeling avec des patients qui acceptent toujours les soins et traitements proposés.
Si l’on aborde les questions matérielles, de tout le panel, les Idels sont les plus nombreux à se contenter de louer leur cabinet (59 % contre 45 %). Soins à domicile oblige, ils préfèrent investir dans l’achat d’un véhicule professionnel que d’un local. Grands rouleurs, les infirmiers effectuent 22 300 kilomètres par an, de très loin le plus important kilométrage (13 400 en moyenne), qu’ils estiment augmenter d’année en année (un avis partagé par six infirmiers sur dix). Dans 83 % des cas, le véhicule est partagé entre l’usage privé et professionnel. Et, dans l’avenir, si neuf infirmiers sur dix envisagent d’investir, c’est en priorité dans du matériel médical et informatique, qu’ils renouvellent moins rapidement que les autres professionnels. Ils sont aussi nombreux à étudier la possibilité de rachat d’une patientèle (12 % contre 5 %).
Mais leur optimisme s’étend aussi aux formes d’exercice en développement avec la loi HPST : ils sont ainsi 67 % à voir d’un œil positif l’exercice avec d’autres confrères sur un même lieu de travail, le plus fort pourcentage de tous les professionnels de santé interrogés. Cela ne pourra visiblement faire que du bien aux autres professionnels de côtoyer des Idels au moral aussi rayonnant !
Candice Moors
* CMV Mediforce est une société de BNP Paribas, spécialisée dans le financement des professions libérales de santé.