09/12/2008

LMD : les organisations infirmières somment Roselyne Bachelot de trancher entre licence professionnelle et licence générale

Le collectif pour une licence générale, des masters et un doctorat en sciences infirmières, composé de 17 syndicats et associations d’infirmières, a adressé une lettre ouverte à la ministre de la Santé, dans laquelle ils lui demandent instamment de dévoiler enfin les choix gouvernementaux concernant la réforme de la formation de la profession infirmière.

Deux mois après la divulgation du rapport de l’Igas sur les scénarii d’intégration des filières paramédicales au schéma universitaire européen LMD (licence-master-doctorat) et trois semaines après l’ouverture officielle de la phase de concertation avec les organisations professionnelles sur la base de ce rapport, les représentants des infirmières n’entendent pas se payer de mots. Si Mme Bachelot a promis la mise en œuvre de la licence infirmière dès la rentrée de septembre 2009, elle a, à ce jour, toujours refusé de trancher entre licence pro et licence générale. Comment les groupes de travail pourraient-ils avancer sans savoir où ils vont ? La colère monte…
Et ce d’autant plus que la première véritable réunion de travail, lundi 8 décembre, n’a débouché sur rien tant ses conditions d’organisation étaient ubuesques : « 50 personnes chargées de travailler sur trois professions en seulement deux heures ! », s’insurge le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), dans un communiqué. Force est de constater que « le dialogue social démarre mal », ajoute le SNPI, qui se dit « de plus en plus dubitatif sur la volonté réelle du gouvernement ».


« A 70 dans une salle prévue pour 40 »
En plus de la cinquantaine d’organisations invitées, il y avait une vingtaine de hauts fonctionnaires, a raconté Thierry Amouroux, le secrétaire général du SNPI joint par www.espaceinfirmier.com, si bien que « nous nous sommes retrouvés à 70 dans une salle prévue pour 40 ». « On nous a amené des chaises supplémentaires, mais nous les syndicats, y compris des gros comme la CGT, nous n’étions pas physiquement autour de la table », a-t-il regretté.
Le jour de l’ouverture officielle de la phase de concertation, le 18 novembre, il avait pourtant été convenu que quatre groupes de 20 personnes se réuniraient un jour par mois. Face au mécontentement des organisations lundi, le ministère s’est montré intraitable : la prochaine réunion de travail, prévue le 6 janvier, se fera sur le même modèle, soit 50 personnes personnes sur trois professions (infirmières , kinés et ortophonistes) pendant deux petites heures. « Ridicule ! », s’insurge le SNPI. « Le fait que même la méthodologie de travail et le temps consacré à chaque réunion ne soient pas négociables en dit long sur la volonté du ministère », poursuit le communiqué.
Lundi, les hauts fonctionnaires présents ont à peine eu le temps de faire « un topo déjà entendu cinquante fois » et les organisations présentes de résumer leur point de vue que les deux heures étaient déjà écoulées. « Ca ne rime à rien », insiste Thierry Amouroux.

 

Quatre réunions prévues d'ici le 30 mars

Contactée par www.espaceinfirmier.com, la Dhos estime pour sa part que "la réunion s'est déroulée de manière satisfaisante". "Compte tenu du grand nombre de demandes que nous avons reçues, nous avons considéré qu'il valait mieux que tout le monde soit là pour cette première réunion", s'est justifiée la Dhos. Si le schéma de cette première réunion sera conservé lors de la deuxième rencontre prévue le 6 janvier, en revanche par la suite, les 50 personnes seront scindées en deux groupes: l'un travaillera sur le niveau licence et l'autre sera chargé de réfléchir aux poursuites de parcours universitaires au-delà de la licence, a-t-on précisé.

En l'état actuel du calendrier, quatre réunions au total sont prévues et les deux dernières ne sont pas calibrées pour durer deux heures, elles pourront se prolonger. "Et s'il faut rajouter une séance, on en rajoutera une", assure-t-on à la Dhos. Seule contrainte: il faut que tout soit bouclé le 30 mars pour pouvoir tenir les engagements de mise en place de la pemière année de licence infirmière dès septembre prochain. C'est pourquoi la Dhos proposera dès la réunion du 6 janvier des questions précises et une méthode de travail de manière à "organiser le travail".


Embrouille et brouillard

Autre grief dont le communiqué du SNPI se fait l'écho: parmi les documents distribués aux participants par la Dhos, figurait une fois encore le rapport de l’Igas qualifié de « lamentable » par le SNPI et récusé par la majorité des organisations infirmières dans la mesure où il préconise une licence professionnelle. « La ministre a dit que ce n’était pas une feuille de route, mais curieusement, on le retrouve à chaque fois », s’étonne Thierry Amouroux.
De même, le syndicaliste s’inquiète de ce que les documents élaborés par le groupe de travail « réingénierie du diplôme d’Etat d’infirmière » sur les référentiels de compétences et de formation ne sont pas les mêmes que ceux qui sont ensuite soumis à validation. « On nous enlève des éléments entre deux réunions, on en ajoute d’autres, ni vu ni connu j’t’embrouille. Résultat, on en est à la 23e version du référentiel de compétences, c’est n’importe quoi », déplore Thierry Amouroux, qui soupçonne la Dhos d’entretenir « un brouillard » pour gagner du temps et, une fois en avril, sonner la fin de la concertation en imposant les décisions.
Et le collectif pour une licence générale, des masters et un doctorat en sciences infirmières d’abonder en ce sens : « Nous vous demandons d’apporter de profondes révisions aux référentiels de compétences et de formation produits par le groupe ‘réingénierie du diplôme d’Etat’ », peut-on lire dans la lettre ouverte adressée à Mme Bachelot. « Il est en effet fortement dommageable que l’orientation et les travaux tournent délibérément le dos à l’intégration de ces formations au système LMD. (…) La Dhos, sous couvert de ces groupes, élabore un référentiel de formation sur une logique contraire à la volonté d’intégrer les formations des professions de santé dans le système LMD. »

A la question de savoir quand la ministre entendait trancher entre licence pro et licence professionnelle, la Dhos nous a répondu que tous les éléments étaient réunis pour que la question du schéma de licence soit éclaircie lors de la prochaine réunion de travail sur le LMD, 6 janvier.


C. A.

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