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Les membres de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) ont organisé le 17 octobre, lors de la Journée mondiale de lutte contre la douleur, une table ronde en présence de représentants politiques. Objectif : faire le point sur les enjeux et les solutions pour améliorer la prévention et la prise en charge de la douleur tout au long de la vie tout en appelant à un soutien institutionnel.
Alors que le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024 a débuté son parcours parlementaire le 17 octobre également, les membres de la SFETD ont rappelé, le même jour, l’importance du soutien politique pour promouvoir la prise en charge de la douleur en France. « La présence et l’intervention de la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des professionnels de santé, Agnès Firmin Le Bodo, démontre ce soutien politique, reconnaît le Pr Eric Serra, chef de Service du Centre d’étude et de traitement de la douleur (CETD) au CHU d’Amiens et vice-président de la SFETD. Si elle a rappelé l’importance de prendre en considération la douleur à tous les âges de la vie, désormais, cet appui doit se traduire concrètement par des lignes budgétaires dédiées, et par des décisions législatives ou réglementaires. »
Des besoins financiersCar sans surprise, ce sont bien les moyens financiers qui font défaut. « Les fonds censés être alloués à cette prise en charge doivent l’être réellement, car dans certains établissements, les lignes budgétaires ″douleurs″ et ″soins palliatifs″ sont fusionnées, pointe le Pr Serra. Ce n’est pas scandaleux en soi, mais elles ne sont pas à la hauteur des investissements nationaux nécessaires. » Cette situation est toutefois moins observée dans les CHU ou les cliniques de grande taille, car les directions distinguent les deux prises en charge. Cependant, « les pouvoirs publics se doivent en permanence de rappeler que la douleur est une priorité tout comme les soins palliatifs en sont une autre », estime le Pr Serra.
Davantage de moyens permettraient de faire vivre et perdurer les actions mises en œuvre dans les services, car « bien trop souvent lorsqu’un référent douleur quitte un service, tout le travail mis en place jusqu’alors s’effondre, regrette-t-il. Les soignants ont intégré l’importance de la prise en charge de la douleur, ce n’est pas un sujet, mais cela reste fragile car tout le monde est submergé. » Sans parler du fait que la majorité des responsables des centres de consultation douleur vont partir à la retraite dans les prochaines années, et ne seront pas remplacés. « A moins d’investir dans le domaine, soit elles vont être fermées, soit elles vont devenir une coquille vide, ce qui n’est pas possible, soutient le vice-président de la SFETD. Nous devons monter en excellence, et créer des spécialités chez les médecins tout comme chez les infirmiers pour animer la médecine de la douleur. »
Des avancées liées à des soutiens politiquesLes parlementaires, en tant que « relais de la voix du peuple », ont porté les avancées et fait de la prise en charge de la douleur un droit reconnu aux patients avec tout d’abord la loi de 1995 portant diverses dispositions d’ordre social, qui a acté l’obligation, pour les établissements de santé de prendre en charge la douleur des patients qu'ils accueillent. Suivie en 1999 du premier plan douleur et en 2022 de la loi sur le droit des patients. « Rien ne peut se faire sans les politiques, car les moyens ne suivent pas face à toutes les priorités dans le domaine de la santé, soutient le Pr Serra. La douleur étant une activité transversale, rien ne va progresser sans accent volontariste porté sur ce thème. »
« Notre soutien permet de faire avancer les choses sur le plan national », reconnaît Maud Petit, députée du Val-de-Marne et marraine de l’événement. Et de conclure : « C’est le cas par exemple concernant la création d’un Diplôme d’études spécialisées (DES) sur la douleur, revendiqué par les acteurs du secteur, tout comme une nouvelle mention pour les infirmières en pratique avancée (IPA). En tant que parlementaires, nous pouvons aider à la prise en compte de cette demande par le ministère. Sans oublier que nous votons le budget, nous pouvons orienter les fléchages, notamment encourager la recherche. »