Le député du Bas-Rhin Yves Bur a remis hier au ministre de la Santé un rapport dont l'objectif est de diviser par deux, d'ici 2025, la consommation de tabac.
Hausse des prix, taxe sur le chiffre d'affaires des fabricants de cigarettes, réforme du statut des buralistes, interdiction de fumer sur les plages, aide au sevrage tabagique… Dans son rapport remis hier au ministère de la
Santé, le député
UMP du
Bas-Rhin, Yves
Bur, propose la mise en place de toute une série de mesures drastiques, afin de
diviser par
deux la
consommation de
tabac d'ici
2025.
Alors que le
nombre de fumeurs réguliers est reparti à la hausse depuis
2007 (29
% en
2010),
«
seule une approche globale peut apporter une réponse
»
, souligne le
député dans son
rapport. Pour
cela, Yves
Bur recommande notamment de mettre en place
«
une
structure interministérielle spécifique pour la lutte contre le
tabac
»
, «
un interlocuteur unique
»
, désigné par le Premier
ministre, sur le modèle de ce qui a été fait pour la sécurité routière… une proposition déjà émise, il y a quelques jours, par le Haut
conseil pour la santé
publique.
Prise en charge du sevrage tabagique
Reprenant des données établies par l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), Yves Bur rappelle que
«
les
incitations au sevrage et les aides pour renoncer au tabac ont un coût immédiat, mais qu’il coûte bien plus cher encore de soigner les maladies liées au
tabac.
» Ainsi, selon le
député du Bas-Rhin, si les taxes sur le tabac rapportent chaque année autour de 11
milliards d'euros à l'Etat, les dépenses de
soins occasionnées par cette consommation s'élèveraient quant à elles à 18
milliards d'euros par
an. Soit un différentiel de 7
milliards d'euros… représentant la moitié du
déficit de la Sécurité
sociale pour
2012.
Yves Bur recommande
donc «
de prendre en
charge tous les
fumeurs qui souhaitent s'arrêter avec la gratuité pour les populations prioritaires et vulnérables
» - notamment les personnes en affection de longue durée
(ALD), les femmes
enceintes et les bénéficiaires de la couverture maladie universelle
(CMU). Pour le reste de la
population, il recommande «
une prise en charge modulée
», la couverture devant être complétée par les assurances complémentaires. Le
député réclame aussi «
une promotion la plus visible possible du service de la ligne Tabac info service
(le
3989) et du site internet Tabac info service.
»
Les professionnels de santé en première ligne
Yves Bur préconise par ailleurs de «
renforcer l'implication des professionnels de
santé
» en matière de lutte contre le
tabac, en «
assurant la
formation et la
mobilisation de tous les professionnels de santé
» et en intégrant la thématique du
tabac dans le contrat de performance des médecins généralistes. Des expériences de coopérations interprofessionnelles, pour réaliser des consultations de sevrage par des paramédicaux pourraient être lancées, suggère qui plus est le
rapport.
Jugeant le dispositif actuel de communication, d'information du public «
insuffisant pour
contrer la désinformation et encourager les fumeurs à s'arrêter
», le
député appelle aussi
à la mise en place d’une campagne type «
grande cause nationale
» sur le thème de la sortie du tabac.
Soulignant que le prix du tabac a un impact fort sur la
consommation, notamment chez les
jeunes, Yves Bur préconise de fixer l’augmentation annuelle des prix du tabac à
10
% par
an, contre 6
% actuellement,. Il suggère par ailleurs de taxer le chiffre d’affaires des fabricants de
tabac, et de «
bannir les liens d’intérêt
» entre l’industrie du
tabac et les
politiques.
Emmanuelle Debelleix
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