Manon Morel
Ancienne vice-présidente en charge des politiques de jeunesse à la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), Manon Morel a été élue à la tête du nouveau bureau lors du 22e congrès annuel de l’instance du 6 au 9 octobre. Intégration universitaire, défense des droits des étudiants, leadership infirmier… la nouvelle équipe reprend les combats des précédents bureaux. Le point avec sa présidente.
J’ai 23 ans, et je suis en troisième année à l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de la Croix-Rouge à Saint-Étienne (Loire). Après une implication à l’échelon local, j’ai rejoint le bureau national de la Fnesi en 2021. J’ai candidaté cette année à la présidence afin de poursuivre mon engagement : défendre du mieux possible les intérêts des étudiants afin notamment d’améliorer la formation, les conditions de stage, les conditions de travail et faire en sorte que les tutelles comprennent que ce n’est pas en augmentant les quotas de places en Ifsi que l’exercice du métier va devenir attractif. Après l’obtention de mon diplôme d’État, j’aimerais continuer mes études en suivant un Master d’Infirmier en pratique avancé (IPA) urgences à Saint-Étienne ou à Lyon.
Quels sont les objectifs fixés par le nouveau bureau pour 2022-2023 ?Nous n’allons pas réinventer la Fnesi mais nous allons poursuivre les travaux déjà impulsés par les précédents bureaux en reprenant les grands combats autour de quatre thématiques. Tout d’abord, nous allons nous concentrer sur l’enseignement supérieur et poursuivre le travail de l’intégration universitaire pleine et entière. Nous souhaitons que les étudiants aient accès aux droits universitaires, qu’ils puissent avoir des cartes étudiantes ou encore participer aux élections étudiantes. Nous voulons également travailler sur un nouveau référentiel puisque l’actuel, qui date de 2009, n’est plus adapté aux enjeux du système de santé et à la réalité du terrain.
Deuxième thématique : les perspectives professionnelles, avec une réflexion sur le leadership infirmier et le décret de compétences.
La défense des droits représente notre troisième axe de travail. Nous avons encore beaucoup trop d’étudiants qui nous sollicitent quotidiennement pour nous dire que leurs stages se déroulent dans de mauvaises conditions, que leur encadrement se déroule mal qu’ils ne perçoivent pas leurs indemnités de stage dans les temps. Nous voulons travailler avec le ministère sur ce sujet, et promouvoir la mise en place d’une plateforme nationale d’évaluation de stage. Lorsque j’ai rencontré le ministre de la Santé, François Braun fin août, il s’est dit intéressé par cette idée. Nous voudrions aussi que les bourses d’étude soient gérées par le Crous, qui a l’habitude de cette gestion, et non par les Conseils régionaux.
Enfin, nous souhaitons travailler sur notre réseau et revaloriser des projets au sein de chaque Ifsi ; démarche qui a été quelque peu affaiblie avec la crise sanitaire. Nous aimerions par exemple reconduire la semaine du bien-être, mettre en place des projets d’innovation sociale, etc.
Avez-vous des enjeux davantage d’actualité ?Effectivement, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), nous ne comprenons pas pourquoi le ministère souhaite interdire l’accès à l’intérim aux infirmiers tout juste diplômés. Nous sommes opposés à cette interdiction. Cette décision sous-entend qu’ils n’ont pas les compétences nécessaires pour devenir intérimaires. En réalité, nous supposons qu’il souhaite effectuer des économies sur la liberté des jeunes diplômés. Or, la coercition ne va pas jouer sur l’attractivité de l’exercice.
Par ailleurs, lors d’un groupe de travail auquel la Fnesi a participé dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) en santé, il a été évoqué la possibilité de retirer la formation en soins infirmiers de ParcourSup. Nous ne comprenons pas cette proposition et nous allons entreprendre une discussion sur le sujet. Nous sommes partie prenante au CNR en santé pour toutes les questions en lien avec l’attractivité du système de santé, l’amélioration des conditions de travail. Selon nous, l’accent doit être mis sur ces points. Car le métier est attractif en soi. Pour preuve, les Ifsi font face à de nombreuses demandes d’inscriptions chaque année. Ce sont les conditions de formation et de travail qui ne conviennent pas et sur lesquelles il faut agir.
Propos recueillis par Laure Martin
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