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Tous les ans, l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et la MGEN se penchent sur le sommeil des Français. Si le premier confinement a eu des effets immédiats sur le sommeil, le deuxième a fait ressortir une fatigue élevée qui s’installe dans la durée.
« La crise sanitaire a eu un impact majeur sur le sommeil des Français en altérant sa qualité, souligne le docteur Marc Rey, neurologue et président de l’INSV. Les trois quarts des Français ont rapporté un trouble du sommeil dans les premières semaines du premier confinement en mars 2020. Ces perturbations du sommeil étaient plus répandues chez les femmes, à hauteur de 81 %, et pour 79 % chez les moins de 35 ans. Des troubles importants en termes de décalage et de durée. » Ainsi, le stress vécu a été source, comme souvent, de réveils nocturnes. Les populations que l’on sait habituellement les plus sensibles aux situations stressantes, les jeunes, les femmes ou celles qui étaient le plus exposées à ces situations comme les personnes infectées par la Covid-19 ou leurs proches mais aussi les soignants, sont celles qui ont subi les plus fortes conséquences de cette crise en termes de santé psychique (anxiété, dépression) et de sommeil.
Durée et horaires stables mais une qualité de sommeil altéréeSelon l’enquête INVS-MGEN(1), la durée du sommeil a été de 7h09 en semaine et de 7h46 le week-end durant le deuxième confinement, contre respectivement 7h16 et 7h52 avant le premier confinement. Quant aux horaires de sommeil, ils ont peu varié par rapport à une période normale. « Ces chiffres montrent que la durée du sommeil a été proche durant le deuxième confinement de celle observée en période normale et que la dérive que l’on constatait depuis quelques années avec une baisse continue des heures de sommeil s’est arrêtée, poursuit le président de l’INVS. Durant le deuxième confinement, on n’a pas constaté de perturbations majeures du sommeil avec des horaires très tardifs du coucher comme lors du premier, on peut interpréter cette amélioration comme une résilience. »
Troubles anxieux surtout chez les jeunesCependant, le sommeil n’a pas été de qualité. Ainsi, 70 % des Français ont déclaré se réveiller la nuit (en moyenne deux fois) durant le deuxième confinement contre 64 % en période normale. Et 45 % ont rapporté un trouble du sommeil durant cette période avec, dans 10 % des cas, un trouble du sommeil qui est apparu lors du deuxième confinement. Le plus souvent, il s’agissait d’insomnie (24 %) et de trouble du rythme du sommeil (20 %). Par ailleurs, la crise a généré des troubles psychologiques avec des répercussions sur le sommeil qui ont affecté plus d’un tiers des Français, et notamment les jeunes. Ainsi, 41 % des 18-24 ans ont rapporté des troubles anxieux et 40 % des troubles dépressifs. En parallèle, les 18-24 ans sont ceux qui ont rapporté le plus d’altérations du sommeil et qui se sont sentis globalement les plus fatigués. « Le sommeil est un baromètre et un régulateur de l’ensemble de l’équilibre psychique, explique le docteur Sylvie Royant Parola, présidente du réseau Morphée et membre de la Société française de recherche sur le sommeil (SFRMS). Il existe des techniques qui permettent de consolider le sommeil, notamment éviter la privation de sommeil et ne pas se mettre en restriction de sommeil, et garder une rythmique du sommeil. Pour contrebalancer cela, il y a deux points phares : faire une activité physique régulière de 20 à 30 minutes et s’exposer à la lumière du jour. »
Isabel Soubelet
1. Questionnaire OpinionWay auto-administré en ligne sur système CAWI du 8 au 15 janvier 2021 auprès de 1 010 sujets âgés de 18 à 65 ans, représentatifs de la population métropolitaine.