Autour de la perte de sa mère, l'écrivaine livre un vécu chamboulé, où s'entrechoquent un drame et une promesse inattendue… Une œuvre teintée d'une violente justesse, avec l'hôpital en toile de fond.
Comment parler de l’un des pires drames de la vie d’une femme, la mort de sa mère ? Justine Lévy écrit comme elle parle: rythme soutenu, presque fiévreux, les mots défilent vite, et les souvenirs aussi. L’hôpital Saint-Louis fait partie de la toile de fond d’un cancer qui achève sa mère, ancienne mannequin.
Accueil glacial et médecine à deux vitesse : si Toubib, le grand professeur, veut bien recevoir sa mère, c’est grâce à l’intervention de son père Bernard-Henri Lévy… Car Toubib n’est intéressé que par les patients célèbres et riches.
Avec le vécu de la maladie et de la mort de sa mère, c’est une enfance atypique qui remonte. Seule à attendre sa mère à la sortie de l’école qui oubliait régulièrement qu’elle avait une fille, un mélange de nostalgie et de colère teinte les pages de Mauvaise fille. Tandis que ses copines l’enviaient («Eh bien, toute cette chouette liberté, la liberté de jouer avec les médocs, les seringues et le shit, la liberté de finir les verres d’alcool presque vides, et de découvrir l’ivresse, à six ans, la tête qui vous tourne, lourde si lourde, et les adultes autour qui rigolent …») elle rêvait d’une vie cadrée, réglée.
Triple histoire
Justine Lévy tire le portrait de tous ceux qui traversent sa vie avec la justesse violente de ceux qui ont reçu assez de coups pour ne pas avoir peur de les rendre. Pas de pitié ni pour les puissants, ni pour les siens, ni pour elle-même.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, une grossesse imprévue s’installe dans ce tableau de maladie et de mort. «Maman est morte, je suis maman, voilà, c’est simple, c’est aussi simple que ça, c’est notre histoire à toutes les trois.»
Carole Ivaldi
Mauvaise fille, de Justine Lévy, éditions Stock, 16,50 euros.