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Réunis par la Fondation MNH, de nombreux acteurs ont témoigné de l’utilité et de la pertinence de cette démarche pour lutter contre les inégalités d’accès à la santé. Tous ont plaidé pour un cadre professionnel permettant de la sécuriser et de la déployer.
« Impact et avenir de la médiation en santé à l’hôpital » tel était le thème de la conférence organisée le 27 novembre par la Fondation MNH et l’hôpital Bichat ClaudeBernard (AP-HP). L’établissement a été choisi comme cadre car c’est là que la lauréate du prix de la Fondation exerce, explique Laureen Sarfati, chargée de mission de l’organisme.
Le prix distingue un hospitalier – soignant, social, administratif, technique, logistique – pour son action en faveur d’un meilleur accès à la santé des plus vulnérables. Pour cette première édition, il a été attribué à Maryline Berthaux, médiatrice en santé au sein du service des maladies infectieuses et tropicales (Smit), à Bichat, pour son implication dans le dispositif Parcours, qui accompagne des femmes exilées victimes de violences. Un prix d’honneur a été décerné au Pr Olivier Bouchaud, entre autres chef du Smit d’Avicenne et responsable du DU Médiation en santé à l’Université Sorbonne Paris Nord. L’originalité du prix réside dans le processus de sélection : la candidature est déposée par un pair.
Laureen Sarfati rappelle qu’il ne s’agit pas de médiation juridique, mais d’un « mode d’intervention efficace pour lutter contre les inégalités d’accès à la santé. » Car la démarche a deux objectifs, présente Julia Fernandez, elle aussi chargée de mission à la fondation : « Aider les personnes en situation de vulnérabilité à surmonter les obstacles, individuels ou systémiques et les autonomiser. » Elle rappelle les trois actions du médiateur en santé : l’aller vers, le faire avec et la sensibilisation des professionnels de santé à la prise en compte des barrières. L’idée : « Donner toutes les clés pour qu’elles raccrochent un parcours de santé de droit commun. »
DE LA CONFIANCE ET DU TEMPS
Elle détaille. Le médiateur en santé se positionne en “interface” entre professionnels, institutions, et personnes vulnérables et éloignées de la santé. L’ambition : qu’il ait un rôle de “tiers de confiance”. Cela requiert du temps, ce dont il dispose a contrario des soignants, pointe le Pr Olivier Bouchaud. Cela explique que ces derniers, accomplissent “a minima”, sans le savoir, des missions aujourd’hui dévolues aux médiateurs, pointe Marie-Cécile Poncet, directrice d'Avicenne.
Pour le Pr Bouchaud, l’instauration de la confiance est « l’étape préalable indispensable. » Cela permet, outre son expertise (connaissance de l’hôpital, du système de santé, du tissu partenarial) et ses compétences (écoute, empathie, décentrage), de faire du médiateur en santé un “interlocuteur privilégié” de la personne vulnérable, souligne Maryline Berthaux, lauréate du prix de la Fondation MNH 2024. C’est ce qui fait qu’il peut identifier toutes les problématiques rencontrées, les adresser – ici l’accompagnement est holistique, sur-mesure – et travailler avec la personne pour qu’elle soit autonome pour les contourner.
Les évaluations de la fondation sur 11 des projets soutenus montrent les impacts sur les patients et les professionnels de santé. Ce jour, l’organisme s’intéresse à ces derniers, relayant une recherche-action sur Le dispositif parcours déployé à Bichat et Avicenne. Ils sont organisationnels (gain de temps, d’énergie, soutien dans la coordination, veille et alerte) ; humains (lien entre professionnels, soutien émotionnel, sécurisation) et ont trait à la sensibilisation aux obstacles (à l’hôpital et en dehors), liste Salomé Boscher, coordinatrice de la recherche.
SÉCURISER LE MÉTIER
Comment déployer la médiation en santé, au-delà du Smit ? À Bichat qu’il dirige, Grégory Vial pose que l’enjeu est « d’aller au bout de la preuve de concept. » Et d’avancer dans l’articulation de ce métier avec les autres, comme les assistantes sociales. Car il peut y avoir « une petite irritation », constate aussi le Pr Bouchaud. Pour Maryline Berthaux, il faut continuer à faire connaître ce métier pour montrer « qu’on peut être facilitatrices et que tout le monde en a un bénéfice, à la fois le soignant et le soigné. »
Tous sont convaincus de l’effet de levier de la démarche – inscrite dans la loi de 2016 sur la modernisation du système de santé –, pour remédier aux inégalités. À l’image du collectif pour la promotion de la médiation en santé, représenté par Anaïs Saint-Gal, responsable plaidoyer à Sidaction : « elle fonctionne, est utile et pertinente. » Mais l’absence « de cadre professionnel qui sécurise l’emploi nuit à l’efficacité. » Le collectif a soumis un plan en 4 axes aux pouvoirs publics :
• créer un référentiel métier (fiche ROME, grille salariale, inscription dans le code de la santé publique) ;
• avancer sur la formation initiale et continue ;
• sur l’accompagnement ;
• déployer et financer.
La médiation en santé fait son chemin. En témoigne le fait que les acteurs considèrent qu’elle a toute sa place dans le cadre du “Plan Patients” de l’AP-HP, qu’elle « figure en bonne place » dans le projet régional de santé (PRS) adopté fin 2023, loue Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l’ARS Île-de-France, tutelle “extrêmement favorable et sensible” à ce qui la valorise à l’hôpital ou en ville, ou encore que le comité de suivi du rapport de la mission interministérielle sur le sujet – remis en juillet 2023 – soit prêt à travailler, avec une feuille de route pour la première année, pose Emilie Henry, personne qualifiée.
Un souci : « l’instabilité au plus haut niveau de l’État », ont soulevé les deux femmes… Et ce alors que le dernier Gouvernement n’était pas encore tombé.
Pauline Machard
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