« Même sur les réseaux sociaux, on porte une blouse »

30/05/2013

« Même sur les réseaux sociaux, on porte une blouse »

Le CHU de Bordeaux lance un guide pour sensibiliser professionnels de santé et usagers sur les risques de dérives liées à l'usage d'Internet, notamment la remise en cause du secret professionnel.

Pas de discours sentencieux. Juste une alerte. Voilà ce que le CHU de Bordeaux espère émettre à travers le « Guide de bonnes pratiques des réseaux sociaux » qu’il a élaboré, avec l’appui de la Fondation MACSF (1) et le Centre hospitalier de Pontoise (Val d'Oise).

« Il y a environ deux ans, nous avons démarré une veille sur le Net, explique la directrice de la communication, Frédérique Albertoni. A cette occasion, nous nous sommes aperçus qu’il pouvait y avoir certaines dérives. Ce n’est pas toujours malveillant. C’est parfois même complètement maladroit. »
 
Secret professionnel
 
Reste que les informations diffusées sur le web se propagent à vitesse à grand V et peuvent sortir du cercle de confidentialité dans lequel elles se trouvaient initialement. D’autant plus avec la géolocalisation. Ainsi l’équipe du CHU a-t-elle détecté une page Facebook dédiée aux urgences d’un de ses sites. « Elle a été générée par le réseau social lui-même, grâce aux données de géolocalisation », insiste la webmaster du CHU, Isabelle Balligand. « On pouvait y voir une multitude de photos, tant de nos professionnels que de nos patients », développe Frédérique Pellegrin. Autant dire que le secret médical peut rapidement perdre tout son sens. Sans compter le droit à l’image des personnes photographiées…
 
A travers des exemples, tirés d’expériences de différents établissements, le guide pointe donc des situations susceptibles de poser problème. « Le lien entre un individu et son espace de travail est fait par les internautes, malgré la mention de " ces propos n’engagent que moi ", (2), soulignent les auteurs. De fait, ces propos engagent aussi votre établissement et vos collègues ! »
 
Prise de conscience
 
Difficile de faire le tour de tous les risques de dérives possibles sur le web. « Il s’agit surtout d’informer nos professionnels, souligne la directrice de la communication. En somme, il faut se dire que même sur les réseaux sociaux, on porte une blouse ! » Le respect des règles professionnelles reste le même partout. Comme le précise le guide, cela concerne notamment la charte du patient.
 
Le chemin promet d’être long. Surtout si l’on considère les nombreux blogs d’internes qui évoquent leurs stages dans tel ou tel service, décrivent leur responsables en des termes parfois peu élogieux. Les infirmières ne sont pas en reste. Plus de 34 000 soignantes, membres du groupe « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes », ont choisi Facebook pour raconter leur quotidien difficile et dénoncer leurs conditions de travail.

Pour faciliter une prise de conscience et ouvrir un espace de parole, le CHU de Bordeaux accompagne la diffusion de son guide par des temps de sensibilisation depuis février. « Nous nous greffons aux réseaux de réunions préexistantes, indique Isabelle Balligand. Nous prenons une quinzaine de minutes pour expliquer les enjeux. Les réactions sont très positives. » Pour l’heure, seuls les personnels qui disposent de ce type de réunions dans leur planning en bénéficient. Mais, à partir de septembre, des sessions bimensuelles seront programmées pour les agents de jour comme de nuit.
 
Seulement disponible sur l’intranet du CHU, le guide sera, à terme, téléchargeable sur son site internet. Il a également été transmis aux établissements qui en ont fait la demande.
 
Marjolaine Dihl

 

1- Pour obtenir le guide, clemence.marchais@macsf.fr ou yves.cottret@macsf.fr.
2- Une formulation que l'on retrouve souvent dans les profils d'usagers de Twitter.

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