Mentorat pour les étudiants

Le mentorat en formation infirmière vise à favoriser le développement de la confiance en soi des étudiants et l’égalité des parcours. En 2023, la Première ministre Elisabeth Borne, consacrait la Grande cause nationale 2023 à la « promotion du mentorat comme levier d’émancipation professionnelle de tous les jeunes de France, afin de leur permettre de trouver leur voie et réaliser leurs projets professionnels quel que soit l’endroit où ils vivent, quelle que soit leur adresse ou leur origine sociale ». Les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ont pu, dans un premier temps avec l’appui de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), lancer des expérimentations en ce sens. « Nous ne disposons plus aujourd’hui de ce portage ministériel, mais nous restons engagés dans la démarche qui se poursuit », a fait savoir Michèle Appelshaeuser, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) et directrice de l’Ifsi et de l'Institut de formation d’aides-soignants (Ifas) de l'Établissement public de santé d'Alsace Nord (EPSAN) à Brumath, lors d’une conférence au Salon infirmier le 22 mai.

Quelle est la différence entre le tutorat, le compagnonnage et le mentorat ?  Le tutorat est un dispositif pédagogique relié à une situation de travail réelle, « dont le but est de développer un apprentissage expérientiel », a rappelé Marielle Boissart, directrice des soins, coordinatrice générale des instituts du CHU de Rennes, vice-présidente du CEFIEC. Responsable pédagogique, le tuteur peut s’occuper de plusieurs étudiants pendant leur temps de stage. Le compagnonnage se définit pour sa part, comme un dispositif d’accompagnement au service de l’acquisition de savoirs, d’expertises et de comportements. Il se base sur la réalisation d’activités professionnelles dans le cadre d’une relation avec un pair, transmettant ses connaissances. « Avec le mentorat, nous sommes davantage sur une relation interpersonnelle finalisée, a-t-elle expliqué. La relation se noue entre un mentor, porteur d’une expérience, qui apporte son soutien au mentoré, en demande d’expériences. » Le mentorat se fonde sur des valeurs de confiance, d’empathie et d’entente mutuelle, « afin de construire une relation qui va faciliter l’engagement de l’étudiant dans son projet de vie avec un enrichissement socio-émotif, identitaire et cognitif », a précisé Marielle Boissart. Au sein du secteur de la santé, et plus particulièrement de la filière infirmière, son intérêt semble majeur puisque d’après les données de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), en 2021, il y avait trois fois plus d’abandons en première année d’Ifsi qu’en 2011.

En Alsace, le groupe hospitalier Sarrebourg-Saverne a débuté un projet de mentorat en décembre 2023 avec un engagement des Ifsi et du Centre hospitalier. « Nous avons effectué une communication sur le sujet début 2024 pour constituer un vivier de mentors et de mentorés », a expliqué Laëtitia Dietemann, cadre supérieure de santé, coordinatrice pédagogique des Instituts de formation en santé du Centre hospitalier de Saverne et adjointe à la direction. Aujourd’hui 13 mentorés et 97 mentors ont décidé de s’engager dans ce projet, mettant en avant les notions d’entraide, de bienveillance et d’empathie. Les mentors, volontaires, bénéficieront prochainement d’un temps d’information et de formation afin d’être accompagnés dans une projection de leur rôle. « Ils vont devoir consacrer un temps d’écoute aux étudiants en dehors des temps de stage », a-t-elle précisé, indiquant que le mentorat est valorisé à hauteur de deux heures supplémentaires par mois. Les encadrants se chargeront de constituer les binômes en s’appuyant sur les fiches de présentation que les mentorés et les mentors ont rempli afin de partager leurs valeurs, leur personnalité et leurs centres d’intérêts. « Ce dispositif s’inscrit dans le projet médico-soignant du groupe et répond au volet managérial de notre structure », a fait savoir Isabelle Royer, cadre supérieure de santé, chargée de la coordination générale des soins au sein du groupe hospitalier.

S’il est encore précoce de parler des bénéfices et des perspectives, « nous les pressentons par rapport au management intergénérationnel avec une valorisation des métiers du soin et un sens du travail majoré, a-t-elle soutenu.  Nous espérons ainsi un impact sur la qualité de vie au travail, la fidélisation et les recrutements ».

Laure Martin