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Si les accidents d’exposition au sang (AES) ont diminué ces dernières années, ils représentent un risque important pour les infirmiers libéraux. Le Cépias Bourgogne Franche-Comté a rappelé lors d’une réunion comment les prévenir et la conduite à tenir (CAT) en cas de survenue.
Selon les enquêtes disponibles au niveau national, on enregistrait entre 2008 et 2015 une vraie diminution de l’incidence des AES et une diminution des accidents à risque par piqures-coupures chez le personnel infirmier, passée de 5,1 à 3,6.
Concernant les IDELS, une enquête descriptive de 2013 (plus de 1800 questionnaires documentés) montrait que 62 % déclaraient qu’ils ou elles avaient déjà été victimes d’un accident par piqures-coupures lors de la réalisation de gestes invasifs. Par ailleurs, l’étude mettait en avant que 52 % déclaraient ne pas bien connaître la CAT en cas d’AES. Quant à l’enquête de l’ONI de 2017, elle montrait que près de 80 % des infirmiers estimaient que l’accident aurait pu être évité.
Un manque de données pour les IDELS« Nous avons beaucoup de données sur le milieu hospitalier mais très peu de choses sur les AES en milieu libéral, souligne Isabelle Lolom, cadre hygiéniste, Unité d'Hygiène et de Lutte contre les Infections Nosocomiales à l’Hôpital Bichat (AP-HP). Ce sont des pratiques déclaratives et anciennes. Mais si on se base sur ces données à disposition, elles montreraient que l’on a un taux de survenue d’AES dix fois supérieur à celui des professionnels qui exercent dans les établissements de soins. Et également une évitabilité qui paraît assez élevée. Il y a donc beaucoup de choses à faire, à la fois sur les équipements de protection individuelle (EPI) mais aussi sur l’acquisition et l’introduction des matériels de sécurité qui ne sont sans doute pas suffisamment présents en milieu libéral. Il faut rappeler les précautions standard(1) mais aussi tout ce qui peut être mis en place après la survenue de l’accident dans le cadre de l’exercice professionnel. » Porter des gants, privilégier soit l’usage unique, soit l’acquisition de matériel de sécurité, bien connaître la filière de gestion des déchets avec l’utilisation de containers adaptés…
Des outils pour prévenir les AES en villePour faciliter la démarche, deux outils ont été développés par la mission PRIMO, confiée aux CPias Pays-de-la-Loire et Grand-Est, et chargée de surveiller et prévenir la résistance aux antibiotiques et les infections associées aux soins, en ville et dans les établissements médico-sociaux.
Le premier outil est une affichette(2) très utile. Elle reprend les points importants de l’AES dont la conduite à tenir qui tient en quatre grandes règles à savoir : ne jamais faire saigner, laver à l’eau et au savon pendant cinq minutes, rincer abondamment, désinfecter pendant cinq minutes. Et incite ensuite à obtenir un avis médical en consultant le plus rapidement possible entre 4 et
48 heures maximum. L’affichette dispose d’un QR Code qui oriente vers la carte de France, et donne selon les régions, la liste des médecins référents pour la prise en charge des AES (les centres et leur numéro de téléphone).
« Il faut prendre soin de soi, consulter et déclarer pour anticiper des problèmes qui pourraient survenir, précise Gabriel Birgand, responsable du CPias Pays-de-la-Loire. Côté prévention, il faut bien avoir en tête que les AES ne sont pas une fatalité. Il faut les prévenir en adoptant les bonnes pratiques, en utilisant des protections et des matériels adaptés, le matériel de sécurité avec notamment les collecteurs pour les objets piquants, coupants, tranchants (OPCT). » Des informations toujours bonnes à rappeler et qui ont fait l’objet d’une vidéo(3) réalisée en collaboration avec le Groupe d’Étude sur le Risque d’Exposition des Soignants aux agents infectieux (Geres).
Le second outil concerne la plateforme webAES-Ville (application commandée par l’ONI) mise en place depuis fin 2022. Son objectif est de mettre à disposition des IDELS un outil spécifique qui permet de recueillir de manière standardisée les AES dont ils sont victimes dans le cadre de leur pratique quotidienne. Reste à ce que la plateforme soit mieux connue, et davantage utilisée par les professionnels, afin de pouvoir mieux orienter les actions de prévention en ville.
(1) https://www.sf2h.net/wp-content/uploads/2017/06/HY_XXV_PS_versionSF2H.pdf
(2) https://antibioresistance.fr/ressources/prevention_IAS/CPIAS_AES_HD_PDL.pdf