Mieux encadrer les stagiaires

05/12/2012

Mieux encadrer les stagiaires

Manque de temps, défaut de formation, absence de rémunération... Lors de la seconde édition des États généraux infirmiers, mardi 4 décembre, à Paris, les professionnels ont évoqué les difficultés à jouer correctement leur rôle de « modèle professionnel » pour les étudiants.

Les étudiants en soins infirmiers passent la moitié de leur temps de formation en stages. Pour ces futurs professionnels, « les enjeux sont énormes », a insisté Joëlle Kozlowski, présidente du Comité d'entente infirmières et cadres (Cefiec), lors d'une table ronde consacrée à l'encadrement des stages aux États généraux infirmiers (1), le 4 décembre, à Paris. « Sur le terrain, les étudiants apprennent les ficelles du métier, ce qui fait l'expertise clinique infirmière : comment déceler une urgence, un problème chez un lycéen... » Bémol : les professionnels manquent souvent de temps pour exercer au mieux ce rôle de « modèle professionnel ». À tel point qu'il devient difficile pour certains Ifsi de « trouver des places de stage », a relevé Joëlle Kozlowski.

« Manque de reconnaissance du travail »

Le problème se pose tout particulièrement pour les infirmières libérales, pour qui tutorat rime avec bénévolat. Installée à La Rochelle, Sophorn Gargouillaud accueille régulièrement des stagiaires. Avant chaque tournée, cette dernière s'attache à « présenter les patients et les différents soins » à l'étudiant et à revenir avec lui sur chaque cas, au retour. « Tout ça, en conduisant », a-t-elle lancé. Quant au fameux portfolio, outils d'évaluation des stagiaires introduit par la réforme de la formation en 2009, il faut « 2, 3 voire 5 heures pour le compléter », note-t-elle. Un investissement personnel auquel de nombreuses soignantes ont renoncé, notamment par « manque de reconnaissance du travail », a relevé Christine Rivière, infirmière libérale à Nantes.

Rejoignant Joëlle Kozlowski et Chloé Pons, vice-présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), les deux soignantes ont plaidé pour la création d'un statut de tuteur de stage et la mise en place d'une formation indemnisée à l'encadrement. Elles ont également proposé d'instaurer des « demi-tournées avec le stagiaire », qu'il faudra également compenser financièrement.

La rémunération en question

Car, à l'hôpital comme en libéral, la fonction de tuteur de stage n'est pas rémunérée. En milieu hospitalier, le protocole d'accord du 2 février 2010 organisant le passage des infirmiers en catégorie A prévoyait pourtant la création « d'une indemnité spécifique » pour les tuteurs. Pour Raymond Le Moign, sous-directeur des ressources humaines du système de santé à la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), l'idée d'indemniser individuellement les tuteurs « est une mauvaise approche » et devrait être abandonnée au profit d'une rémunération « de l'hôpital ou de l'équipe qui fait l'effort d'accueillir un stagiaire ».

Quant aux infirmières libérales, plusieurs pistes sont à l'étude pour prendre en compte ce temps dédié au tutorat dans la facturation des actes infirmiers. Objectif : encourager la diversification des terrains de stage, notamment en ambulatoire. La mise en place de « stages mixtes avec des étudiants infirmiers et des étudiants en médecine » serait également envisagée par la ministre, a indiqué Raymond Le Moign.

Texte et photo: Aveline Marques


(1) Organisés conjointement par le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC) et le Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (Snies)

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