Une expérience destinée à mieux évaluer les risques de développement du diabète de type 2 vient d’être lancée. Dans le cadre du projet « Descendance », les profils génétiques de 500 familles volontaires, dont certains membres sont diabétiques, seront décryptés.
En 2025, près de 300 millions de personnes dans le monde seront atteintes d’un diabète de type 2. En France, en 2020, il y aura près de 3,15 millions de malades, contre 2,5 actuellement (4 % de la population adulte). Pour « enrayer l’épidémie », la prévention reste la meilleure arme. Ce mercredi 9 mai, le Centre d’études et de recherches pour l’intensification du traitement du diabète (CERIDT) a lancé le projet « Descendance ». Objectif : évaluer le risque de diabète des générations futures et prévenir son développement.
Si cette maladie chronique est en partie liée au mode de vie – les cas de diabète ont augmenté au cours des cinquante dernières années -, agir sur l’alimentation et l’hygiène de vie ne suffit pas. D’ailleurs, la corrélation entre obésité et diabète ne se vérifie pas toujours : 80 % des diabétiques sont obèses mais 80 % des obèses ne sont pas diabétiques. Car le diabète est une maladie « avant tout familiale » selon le Dr Guillaume Charpentier, président du CERITD et chef de service de diabétologie au centre hospitalier Sud-francilien.
« Donner un traitement approprié »
« Si l’un des deux parents est diabétique, le risque de développer un diabète est de 30 % ; si ce sont les deux parents, le risque est de 60 % », explique le Pr Philippe Froguel, diabétologue et généticien à l’Institut Pasteur de Lille. Pour ce dernier, l’un des scientifiques à l’origine de la découverte des premiers gènes du diabète il y a vingt ans, c’est en repérant chez les individus à risques les anomalies génétiques responsables du diabète que l’on pourra mieux le traiter. « En trouvant la cause, on pourra donner un traitement approprié », développe-t-il.
Dans le cadre du projet Descendance, 500 familles volontaires* feront l’objet d’analyses portant sur les trois facteurs de transmission : les habitudes familiales en termes d’alimentation et d’activité physique ; les facteurs épigénétiques (la mère a-t-elle développé un diabète de type 2 pendant sa grossesse ?) ; les gènes à risque chez les deux parents. En couplant ces éléments « de prédiction », le risque de développer un diabète dans les 30 ans sera évalué.
Pour participer à l’expérience, les familles doivent remplir plusieurs critères : au moins un parent diabétique encore en vie, et au moins deux enfants dont l’un, âgé de plus de 35 ans, n’est pas diabétique et l’autre, quelque soit l’âge, est diabétique. En comparant les profils génétiques des enfants, « on va savoir quelles sont les mutations génétiques qui sont présentes chez les personnes diabétiques et pas chez les non-diabétiques et établir un lien de causalité », affirme Philippe Froguel. Concrètement, les volontaires devront répondre à des questionnaires et se soumettre à des prises de sang ou des tests de sensibilisation, analysés dans les différents établissements partenaires**. L’expérience Descendance devrait durer, si tout va bien, « au moins deux ans », espère Guillaume Charpentier.
Aveline Marques
*Pour se porter volontaire, appeler le 0 800 300 341 (numéro vert).
**Institut Pasteur de Lille, Inserm, CNRS, Credoc et les services de diabétologie et d’endocrinologie des CHU de Besançon, Bondy, Caen, Liège, Lille, Marseille, Nancy, Strasbourg, Toulouse, Grenoble, Sud-francilien.