Le Conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH) a été mis en place ce jeudi soir par la ministre de la Santé pour une durée de trois ans. Placé aupès du ministre en charge de la Santé, ce conseil «a pour mission d’émettre toute proposition permettant l’amélioration de la prise en charge en urgence des patients par les services des établissements de santé et ceux contribuant à la permanence de soins à l’hôpital». Il se réunira au moins deux fois par an. A sa tête, le Pr Pierre Carli directeur médical du Samu de paris et président de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar).
Il y a un an, en février 2008, Roselyne Bachelot avait confié au Pr Pierre Coriat la responsabilité de conduire une mission et de rédiger un rapport sur la future création d’un Conseil national de l’urgence et de la permanence des soins. Après avoir auditionné plusieurs personnalités, dont toutefois aucune issue des professions paramédicales, la mission avait rendu un rapport de 29 pages (consultable sur le site Internet du ministère de la Santé) le 5 juin 2008.
« Un grand machin »
Plusieurs drames ayant abouti au décès de patients ont cruellement rappelé pendant les fêtes combien des améliorations sont possibles et nécessaires dans l’organisation des urgences hospitalières et pour le respect de la permanence des soins. Pour autant, ce CNUH ne fait pas l’unanimité. «C’est un grand machin», déclarait ainsi Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) lors d’une conférence de presse en janvier. De fait, l’organe comptera plus de 80 membres dont un seul représentant infirmier au titre du tout nouveau Conseil national de l’ordre infirmier.
Pour l’urgentiste Patrick Pelloux, il faut au contraire «un circuit court entre les professionnels de terrain et les systèmes de veille sanitaire» chargés d’anticiper les flux et les éventuels engorgements tels que ceux que nombre d’hôpitaux ont connu pendant les fêtes. «Pour avoir vécu la canicule (à l’été 2003, ndlr)», insiste Patrick Pelloux, ce qui nous a permis de réagir, c’était le circuit court avec la Dhos (Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins )». Et de regretter que la Dhos soit «peu à peu exclue de la gestion des urgences au profit de la DGS (Direction générale de la santé)». Pour Patrick Pelloux, il faudrait au contraire remettre au cœur du dispositif le binôme Dhos/InVS (Institut de veille sanitaire). «L’InVS informe la Dhos qui déclenche les procédures, qui dit aux hôpitaux ‘on ouvre des lits, on met des moyens’», cite-t-il à titre de modèle de fonctionnement.
«Casser l’opposition entre les urgences et le reste de l’hôpital»
Pour éviter tout dysfonctionnement, toute tension, fréquentes en période estivale, l’Amuf demande d’ailleurs qu’il y ait «dès aujourd’hui des réunions dans les agences régionales de l’hospitalisation (ARH) pour anticiper les fermetures de lits à l’été prochain».
Alors qu’approche l’examen du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires par l’Assemblée nationale (du 10 février au 6 mars), l’Amuf entend d’ailleurs «écrire à tous les parlementaires pour demander qu’il n’y ait pas plus de 10% de fermetures de lits annuelles dans les hôpitaux». Il s’agit de passer par le législateur pour «donner à l’hôpital la possibilité d’exiger les moyens de continuer» à assurer sa mission.
Pour Bernard Teper, co-responsable du secteur Santé - Protection sociale de l'Union des familles laïques (Ufal, association d’assurés sociaux agréée par le ministère de la Santé), ce serait aussi le moyen de « casser l’opposition que l’on voit parfois naître entre les urgences et le reste de l’hôpital » dans un contexte de forte pression budgétaire.
C. A.