Mon Empreinte Carbone : un outil destiné aux établissements publics

« C’est un projet de grande ampleur qui recense les données de plus de 13 000 établissements sanitaires et médico-sociaux publics, a précisé Eméline Flinois, directrice générale adjointe de l’Anap, lors de la conférence de présentation de Mon Empreinte Carbone ⁽¹⁾ le 18 juin. Nous avons travaillé avec les fédérations du secteur ainsi que les experts Data et développement durable de l’Anap. Cet outil s’appuie sur la méthode des ratios monétaires qui convertit des euros en CO₂ grâce à des facteurs d’émissions. Les facteurs recensés sont disponibles sur la base empreinte de l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui est la base de données publique officielle des facteurs d’émissions de CO₂. Quant aux valeurs monétaires, elles sont extraites de la comptabilité générale des établissements via la plateforme Diamant utilisée par les établissements publics. » La méthode utilisée a reçu l’appui et la validation de l’association ABC (Association pour la transition Bas Carbone). Mais attention, l’outil ne se substitue pas à l’obligation réglementaire de réaliser un Bilan Carbone®, et ce n’est pas son objectif dans un futur proche. Les données recensées permettent d’identifier de grandes tendances au niveau national. On note ainsi une augmentation des émissions de CO₂ de 1 mégatonne entre 2020 et 2022 (soit + 8 %) principalement attribuable à la hausse des dépenses de produits pharmaceutiques, d’équipements et de transports, et à une année de démarrage impactée par l’épidémie de Covid. Quant aux produits pharmaceutiques et produits à usages médicaux, ils constituent en 2022, le premier poste d’émissions avec 2,6 mégatonnes soit 21,4 %.

« Aujourd’hui, l’accès aux données et la comparabilité de ces données sont compliqués, souligne Laurie Marrauld, maîtresse de conférences à l’EHESP, cheffe de projet santé au Shift Project, et contributrice à la création de Mon Empreinte Carbone. Cet outil donne la possibilité de caractériser et de comparer les structures des établissements et la façon dont elles sont alimentées par les 8 postes identifiés, et aussi de suivre leur progression tout en sachant que cela dépend de l’évolution des facteurs d’émissions. C’est un point intéressant qui permet aux établissements de se réunir autour d’un projet commun. Au-delà des données Carbone, c’est l’ensemble du travail sur le développement durable et ses pratiques qui peuvent être centralisés. Les stratégies Carbone sont alimentées par les expérimentations et tout cela créée un système vertueux qui commence à se mettre en place. La prise de conscience Carbone dans le système de santé est hétérogène au niveau mondial, en France, nous sommes parmi ceux qui sont en avance. » Concrètement, 8 postes sont aujourd’hui référencés dans l’outil de l’Anap :  les produits pharmaceutiques et les produits à usages médicaux, l’alimentation, l’énergie, les bâtiments, les équipements, les prestations et les déchets, le transport, les autres consommables.  « Le premier niveau de lecture est national, ensuite on peut avoir un aperçu régional en choisissant sa région, précise Richard Huet, expert développement durable en santé et médico-social à l’Anap. À chaque fois, on peut avoir les mesures sur les 3 années, 2020, 2021, 2022. Cela permet de voir les évolutions, les progressions comme les stagnations, et de construire l’action avec ces éléments. L’outil permet aussi d’avoir une photographie pour un Ehpad autonome. Il pourra se situer par rapport aux autres Ehpad de sa région et au niveau national. En quelques secondes, on a des données immédiates et une estimation sans avoir à travailler un recueil complet de données. »

Pour que Mon Empreinte Carbone rencontre du succès sur le terrain, une phase d’appropriation est nécessaire ainsi qu’une diffusion auprès du public. En effet, c’est un outil de comparaison et qui permet de faire de la pédagogie sur la notion de Bilan Carbone. L’Anap a dès à présent mis en place une série de webinaires ⁽²⁾ pour y parvenir. Le premier, avec Laurie Marrauld, se déroulera le 1^er juillet et les autres s’échelonneront jusqu’à la fin de l’année.

Isabel Soubelet

Lire le dossier de l'Infirmière n°45