© filo/iStock
L’Assurance maladie et le ministère de la Santé ont dévoilé ce jeudi « Mon espace santé », l’interface qui doit permettre aux patients et aux professionnels de santé de communiquer en ligne de manière simple et sécurisée.
La saga du Dossier médical partagé (DMP), entamée en 2004, est-elle en train de s’achever sur un happy end ? C’est en tout cas ce que voudraient croire l’Assurance maladie et le ministère de la Santé. La raison de cet espoir un peu fou se nomme « Mon espace santé » : un nouvel outil qui se veut simple et ergonomique, et qui permet le stockage et l’échange de documents et d’informations entre patients et professionnels de santé. En d’autres termes, « Mon espace santé » constitue le carnet de santé électronique, destiné à être tenu à jour à vie, qui fait depuis toujours défaut au système de santé français.
« “Mon espace santé” est un produit qui est construit autour du DMP, mais qui est maintenant très différent, qui contient d’autres fonctionnalités et qui est beaucoup plus ergonomique », expliquait Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) lors d’un briefing de présentation du nouvel outil organisé à l’attention de la presse professionnelle la semaine dernière.
Un dossier et une messagerieCar en plus d’être un dossier patient comme le DMP, « Mon espace santé » contient également une messagerie sécurisée, et intégrera à terme un agenda de santé ainsi que divers services, précise-t-elle. Ainsi, un médecin qui prescrit des examens de laboratoire, par exemple, pourra grâce à « Mon espace santé » accéder directement aux résultats, puis envoyer l’ordonnance de façon sécurisée. « On n’envoie pas l’ordonnance sur une boîte Gmail », indique-t-elle à toutes fins utiles.
Bien sûr, la question sensible de l’hébergement des données a fait l’objet d’une attention toute particulière. « Les données sont hébergées en France », précise Marguerite Cazeneuve, qui ajoute que les standards du règlement européen de protection des données (RGPD) et de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) s’y appliquent donc. Par ailleurs, « l’Assurance maladie est hébergeur de “Mon espace santé”, mais elle n’aura pas accès aux données qui s’y trouvent, précise-t-elle. Seuls les citoyens et les professionnels qui les accompagnent pourront y accéder. Et chaque citoyen pourra décider des professionnels qui auront accès à leurs données, et des documents auxquels ils auront accès. »
Alimenté au fil des parcoursConcrètement, à partir du 3 février, chaque Français pourra activer son « Espace santé », et commencer à le remplir avec les documents et informations qu’il jugera utiles. Ce qui lui permettra de les avoir sous la main et de pouvoir les transmettre à l’établissement de santé avant une opération, par exemple. Tout l’enjeu, bien sûr, sera de permettre que les professionnels l’alimentent ensuite au fil des parcours de soins. Cela nécessite un travail de mise en compatibilité des différents logiciels métier qui, assurent les responsables de l’Assurance maladie et du ministère, est en cours.
À terme, « tous les professionnels de santé, toutes les structures, pourront automatiquement, sans effort, sans clic supplémentaire, envoyer au patient dans son espace une copie des documents de santé », a promis Dominique Pon, responsable ministériel au numérique en santé, lors du briefing à destination de la presse professionnelle. Il est même prévu que des données issues d’applications numériques telles que celles qui servent à suivre le diabète et d’autres pathologies chroniques puissent elles aussi être intégrées automatiquement dans « Mon espace santé ». Reste à savoir si professionnels et patients se saisiront de ce nouvel outil.
Adrien Renaud
À LIRE ÉGALEMENT
Clausener M., « DMP : Mon Espace Santé expérimenté en juillet 2021 », Espaceinfirmier.fr, le 06/05/2021.
Martin L., « Des données de santé en sécurité », L’Infirmièr. e, n° 8, mai 2021.