Lors de la convention du Centre national des professions libérales de santé, organisée sur le thème « Libéraux de santé, un an pour tout changer », les praticiens ont abordé aucours d’une table ronde la question de la création des nouveaux métiers en santé.
Co-auteur avec Laurent Hénart, député UMP de Meurthe-et-Moselle, du rapport relatif aux métiers en santé de niveau intermédiaire, Yvon Berland, président de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), est revenu, le 17 mars, sur les différents points de ce rapport. Le problème de démographie médicale qui touche les médecins libéraux est à l’origine de cette réflexion. « Les médecins doivent pouvoir se recentrer sur le cœur de leur métier », soutient-il. Il rappelle que dans le cadre de l’article 51 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009, les professionnels de santé peuvent proposer aux Agences régionales de santé (ARS), des coopérations avec les paramédicaux afin que ces derniers exercent des activités jusqu’alors réservées aux médecins. « Mais il faut être attentif à ce que les possibilités données par la loi HPST n’aboutissent pas à une visibilité de l’organisation de l’offre de soins de moins en moins prégnante, souligne Yvon Berland. La prise en charge d’une même pathologie ne doit pas être organisée différemment entre les régions. »
Définir les besoins
L’émergence de métiers intermédiaires entre les professions paramédicales et les médecins s’avère néanmoins nécessaire, car d’après lui, certaines missions ne peuvent pas être effectuées par les paramédicaux et les médecins n’ont pas le temps de les réaliser. Ces métiers ont vocation à s’inscrire dans une logique de professions médicales à exercice limité, comme les sages-femmes.
Toutefois, avant d’inscrire ces nouveaux métiers dans la loi, le président de l’ONDPS défend la nécessité de préalablement « redéfinir correctement les missions des métiers socles et les capacités des uns et des autres ». Et de poursuivre : « Il faut aussi utiliser le vecteur de l’article 51 de la loi HPST afin de voir si cela n’aboutit pas à une compétition entre les professions, et les professionnels de santé doivent définir leurs besoins. »
L’avis des professionnels
Un point de vue partagé par Christian Jeambrun, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), pour qui cette question des nouveaux métiers doit aussi permettre l’amélioration de la qualité des soins. « Ce n’est pas qu’une question de démographie médicale. Je pense qu’il est indispensable que tous les professionnels libéraux s’interrogent sur ce dont ils ont besoin pour l’amélioration de la pratique des soins. »
Claude Baroukh, secrétaire général de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a remplacé à la dernière minute, Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), a fait entendre la voix des pharmaciens. « Utilisez-nous, a-t-il demandé aux autres professionnels de santé et notamment aux médecins. Car nous sommes bien répartis sur le territoire et, avec des formations adéquates, nous pourrions remplir d’autres missions. » Il a rappelé que le transfert de compétences existe déjà avec les pharmaciens, notamment pour la prescription de la pilule du lendemain ou des médicaments génériques.
Enfin, Thierry Soulié, vice-président de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), a rapporté que les chirurgiens-dentistes ne défendent pas particulièrement la création de nouveaux métiers. « Déléguer des tâches supplémentaires nous paraît contre-productif, il faut optimiser ce qui existe déjà. »
Laure Martin