Les connaissances en matière de bonnes pratiques alimentaires progressent, mais les comportements peinent à suivre, en particulier chez les jeunes. L’engagement croissant des collectivités et des industriels suscite l’espoir.
Coordinatrice du baromètre Nutrition santé 2008 à l’ Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, Catherine Vincelet est revenue sur les résultats de l’étude lors des 79ème rencontres du Centre Régional d’Information et de Prévention du Sida (Crips) (1). « Les Franciliens de 12 à 17 ans sont seulement 8,9 % à avoir consommé au moins cinq fruits et légumes » la veille de l’enquête, a-t-elle ainsi relevé, pointant « un effet important du niveau de revenu » ou de l’âge sur les comportements alimentaires puisque « 10,4% des 18-34 ans n’ont consommé aucun fruits et légumes la veille contre 2,8% des personnes âgées de 55 à 75 ans interrogées ».
Alors que les chiffres de l’obésité en France montrent une incidence multipliée par trois en 30 ans, selon le président du Crips Ile-de-France Jean-Luc Romero, l’étude souligne tout de même que les connaissances en matière de bonnes pratiques alimentaires « sont plutôt bonnes », bien que les pratiques saines ne tiennent pas encore du réflexe.
Pour le Dr Michel Chauliac, il existe aujourd’hui « une cacophonie totale quand on parle de nutrition ». Et de renvoyer à la « profusion considérable » de publications sur le sujet, notamment sur internet, avec des régimes de toutes sortes. Insistant sur la nécessité « d’informer et d’éduquer », ce médecin de santé publique, responsable du Programme National Nutrition Santé (PNNS) (2) au ministère chargé de la Santé, évoque « différentes stratégies pour la politique nutritionnelle ». Plaidant pour plus d’actions locales -« qui dépendent des collectivités »-, il a confirmé la signature d’une charte par 220 villes en France à ce jour. Il compte aussi sur la participation des départements -compétents sur les collèges- et des entreprises, avec qui « des travaux en cours devraient être finalisés au terme du premier trimestre ».
23 chartes signées
Il en va d’une « responsabilité collective et sociale de faire évoluer l’environnement pour que celui-ci soit favorable à la santé », a-t-il observé. Multipliant les exemples, il a dénoncé les trop nombreuses « injonctions à consommer » qui, émanant de la publicité ou de parrainages sportifs, marient souvent les grands évènements aux acteurs de l’industrie agroalimentaire. Le Dr Chauliac a mentionné à cet égard la récente signature de « trois nouvelles chartes d'engagement volontaire sur des progrès nutritionnels » avec « les professionnels de la charcuterie et deux gros spécialistes des céréales pour le petit déjeuner », à la faveur d’« une baisse importante des teneurs moyennes de sodium et de lipides » dans les produits manufacturés par cet immense secteur. Cela porte à 23 le nombre de chartes d'engagements volontaires sur des progrès nutritionnels signées depuis 2008 avec le ministère en charge de la Santé dans le cadre du PNNS.
Le PNNS se heurte encore à de nombreux défis tels que « la réduction des inégalités sociales en nutrition », « une meilleure compréhension de la dénutrition » ou « le renforcement de la pratique d’activité physique », a énuméré le Dr Chauliac. Un chiffre cependant donne confiance : selon une étude de la Direction Recherche, Etudes, Evaluation et Statistiques du ministère de la Santé publiée en septembre dernier, la prévalence du surpoids et de l’obésité infantile a reculé de 16% entre 2000 et 2006.
Texte: Rémi Vaugeois
Photo:© JLV Image Works - Fotolia.com
1 - Depuis sa création en 1988, le Crips a étendu son champ d’action à l’ensemble des conduites à risque. Ses 79e rencontres se sont tenues à la Cité des Sciences et de l’industrie à Paris, le 18 janvier.
2 - Le PNNS est inscrit depuis 2010 dans le code de la santé publique.