Jusqu’à la fin du mois, l’Institut Curie, à Paris, anime une web-radio dédiée aux femmes atteintes d'un cancer du sein, avec la participation de professionnels de santé. Reportage.
« Attention, 30 secondes ». Catherine Monnier, journaliste radio, ajuste son casque, rapproche sa bouche du micro. « Et… 10 secondes ! » L’ingénieur du son continue silencieusement le décompte en surveillant la table de mixage. Il fait un signe, et envoie le jingle. La scène semble surréaliste, et pourtant, nous sommes bien à l’Institut Curie, à Paris, dans un studio radio construit pour un mois seulement, dans le cadre d’Octobre rose.
L’émission du jour, podcastable sur www.radio.curie.fr, est consacrée à la prise en charge psychologique des femmes atteintes du cancer du sein. Parmi les invitées, le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre et chef de service de l’unité de psycho-oncologie de l’Institut Curie. Si l’importance de la prise en charge globale des patients atteints de cancer a été soulignée dans le premier plan cancer (2003-2007), l’institut Curie a fait figure de précurseur en décidant de créer une unité de soins de support à part entière, intégrant le soutien psychologique dès 1998. « Notre démarche a été d’essayer d’articuler les compétences des différents professionnels autour de tout ce qui va être bouleversé dans l’équilibre de vie du patient : l’aspect émotionnel, physique, professionnel, social ». Pas de doute pour le Dr Dolbeault, plus tôt les difficultés psychologiques seront repérées, meilleure sera la prise en charge de la patiente.
KO debout
Lors de la table ronde de l’émission, Caroline de Juglart, une patiente à la voix fragile, témoigne au micro : « J’ai ressenti le besoin d’un soutien psychologique après l’annonce du diagnostic. J’avais une belle vie, j’étais heureuse, et revenais à peine de vacances. L’annonce m’a sidérée. J’étais KO debout. C’était incompréhensible. » Les proches peuvent aussi être pris en charge dans le service, car ils sont, au jour le jour, le principal soutien des patientes. « Notre rôle va aussi être de renforcer, de soutenir le rôle de certains proches. » Rôle indispensable mais très éprouvant, rappelle le Dr Dolbeault.
Autre passage difficile : quand arrive la fin des traitements. « La patiente est livrée à elle-même. La routine de l’hôpital et l’attention des équipes soignantes est remplacée par un sentiment de vide, d’abandon. »
Texte et photo: Carole Ivaldi