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Près de 59 000 femmes sont diagnostiquées chaque année en France pour un cancer du sein. Dans certains cas, la désescalade thérapeutique peut leur être proposée tout en garantissant la même efficacité.
Le cancer du sein est le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme. Dépisté tôt, il est de bon pronostic, avec un taux de survie qui reste stable, soit 87 % à cinq ans et 76 % à dix ans, quels que soient l’âge et le type de cancer. Aujourd’hui, un des objectifs sur lequel travaille l’Institut Curie est de proposer une désescalade thérapeutique quand cela est possible tout en garantissant une même efficacité. Mais attention, toutes les patientes ne sont pas concernées par cette possibilité. « La désescalade thérapeutique concerne les femmes chez qui la tumeur est localisée, ne présentant pas de métastases, ou chez qui le risque de récidive est estimé faible, a rappelé lors d’une conférence de presse, le 21 septembre, Paul Cottu, oncologue, chef adjoint du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie. Cela concerne 10 à 15 % des personnes ayant une tumeur localisée, les cancers localisés étant majoritaires. La désescalade thérapeutique peut prendre différentes formes, traiter moins en durée ou en doses. Il faut pour cela examiner chaque point précisément. Aujourd’hui, la désescalade des traitements médicaux concerne principalement les chimiothérapies adjuvantes, c’est-à-dire les traitements proposés après l’ablation de la tumeur. » Elle n’en est encore qu’au stade de la recherche s’agissant des traitements par hormonothérapie.
La prudence de miseOn se doit de rester prudent car le cancer du sein est une entité multiple, on ne parle plus désormais du cancer du sein mais de cancers du sein. Cependant, un des buts de la désescalade thérapeutique est bien d’améliorer la qualité de vie pendant et après la maladie avec moins de séquelles physiques et psychiques des traitements, une meilleure vie sociale, familiale et intime, et un retour au travail facilité. L’Institut Curie a fait réaliser une étude par Viavoice, du 26 au 30 août, auprès de 1 000 personnes, qui met en évidence que 80 % des Français mentionnent « l’impact physique » comme détériorant la qualité de vie des femmes atteintes d’un cancer, notamment les effets secondaires des traitements et la douleur physique. De même, 79 % des personnes mentionnent « les traitements moins nocifs » comme éléments forts permettant d’améliorer la qualité de vie des patientes, et 72 % citent « le renfort de l’accompagnement des patientes » face, notamment, aux douleurs physiques et psychologiques. Enfin, 83 % des Français estiment que proposer la désescalade thérapeutique est important pour la qualité de vie.
L’importance des soins de support« Le terme de désescalade thérapeutique n’est pas forcément quelque chose que nous allons mettre en avant dans une consultation, souligne Carole Boulenc, cheffe du département interdisciplinaire des soins de support pour le patient en oncologie à l’Institut Curie. En revanche, nous pouvons désormais, grâce à des panels d’analyse de l’ADN tumoral, déterminer les profils de risques de rechute métabolique. C’est ce point que nous abordons avec les patientes. Tout cela est dit dans la réunion de concertation pluridisciplinaire postopératoire qui entraîne une décision collégiale. Nous sommes dans un changement de culture des médecins, dans une relation de transparence et d’explication. La qualité de vie de nos patientes est une priorité. En 2021, le cancer du sein est une maladie qui se traite bien et se soigne. On peut vivre et survivre avec un cancer du sein. Et l’objectif est de vivre le plus normalement possible. Dans les soins de support, nous avons adopté une stratégie préventive pour aider les patientes à réduire leurs problèmes (perte de poids, fatigue, perte du travail) par une approche globale qui porte sur l’alimentation, l’activité physique, la gestion du stress par l’hypnose et la sophrologie, du coaching pour être informé des risques, des conférences patients qui ont eu lieu en visio pendant la crise sanitaire… » Un message d’espoir pour toutes les femmes touchées par cette maladie.
Isabel Soubelet