Octobre rose plombé

04/10/2012

Octobre rose plombé

La campagne de dépistage organisé du cancer du sein a été, cette année, ternie par la polémique autour du surdiagnostic.

Roses. Roses sont les rubans, rose le mois d’octobre, rose la mobilisation de tous les acteurs autour du cancer du sein chez la femme. Et pour cause. Ce cancer est le premier facteur de mortalité féminine en France : en 2011, 11 500 décès ont été enregistrés, et 53 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués (1). Si ce taux d’incidence augmente fortement après 49 ans, son pic se situe entre 65 et 74 ans. Partant de ce constat pesant, les politiques de gauche comme de droite se sont accordées sur l’importance de prévenir, plutôt que de guérir. Pour ce faire, depuis 2004, le mois d’octobre s’habille en rose pour inciter les femmes de 50 à 74 ans à se faire dépister. Car aujourd’hui, une femme sur trois dans cette tranche d’âge ne se fait pas examiner.

Une vaste campagne de communication dans la presse, à la radio, à la télévision, construite autour du message « Vérifiez de quand date votre dernière mammographie », invite les femmes à faire cet examen, entièrement remboursé par la Sécurité sociale, tous les deux ans. Le programme de dépistage organisé n’a pourtant touché que 53 % de la population cible en 2011. Ce taux est en légère diminution depuis 2010. Pourtant, faut-il le rappeler, détecté tôt, le cancer du sein est aujourd’hui guéri 9 fois sur 10.
 
Querelle d’études

Mais cette année, "Octobre rose" a été plombé. Tandis que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, donnait le coup d'envoi de cette nouvelle édition lors d’une conférence de presse, le 26 septembre, c’est un article paru dans le magazine Que choisir (2) qui a occupé le devant de la scène. L’ensemble de la presse n’avait d’yeux que pour ces six pages, pointant le risque d'un « surdiagnostic » éventuel lié au dépistage par mammographie du cancer du sein.

Il est vrai que certains cancers du sein décelés par mammographie, à un certain âge, peuvent ne pas évoluer assez vite pour nécessiter chirurgie ou traitement. Mais, ce surdiagnostic concerne essentiellement les cancers dits « in situ », c’est-à-dire des lésions cancéreuses limitées au tissu, donc non invasives. Ces cancers non invasifs représentaient environ 13 % de l’ensemble des cancers du sein diagnostiqués par le programme national (période 2005-2007), et un tiers de ces cancers in situ auraient pu ne pas évoluer, et ne pas nécessiter de s’en inquiéter.

Concrètement, le phénomène du surdiagnostic existe. Mais, le cancer du sein reste la première cause de mortalité chez les femmes, et plus tard ce cancer est dépisté, pires les chirurgies et les traitements seront. Aujourd’hui, le message est clair : « le rapport bénéfice-risque » reste clairement en faveur du dépistage.

Carole Ivaldi

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