Un documentaire tente d’abattre les clichés véhiculés sur la maternité au sein d’un couple porteur d’un handicap moteur ou sensoriel. Les professionnels de santé ne sont pas exempts de reproches.
Le film « Handicap et maternité » (1) poursuit son tour de France. Après des projections publiques à Paris, Lille et Lyon depuis l’année dernière, il a fait étape à Marseille le 15 mai. Devant près de 200 personnes, ce documentaire d’une trentaine de minutes, réalisé par Aurélien Chalon, a posé les questions qui fâchent. A commencer par celle-ci : le monde médical et paramédical est-il suffisamment préparé pour accompagner une femme en situation de handicap, moteur ou sensoriel, dans un projet de grossesse ?
Refus
A travers des témoignages de couples, le film décrit le parcours du combattant vécu par bon nombre d’entre eux. Il révèle qu’il n’existe qu’un seul service adapté en France : celui de l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris. C’est, d’ailleurs, au sein de cette consultation d’obstétrique, fondée par la sage-femme Béatrice Idiard-Chamois, elle-même en fauteuil roulant, que la plupart des images ont été tournées. La moitié des patientes suivies dans ce service ont été refusées dans des maternités classiques, faute de locaux adéquats ou pour des raisons hasardeuses.
Des services adaptés aux patients sourds
« Quand on rencontre certains professionnels de santé, on se sent désemparé. Il y a parfois des préjugés. On peut être paralysé mais sentir ses membres inférieurs. On a du mal à leur faire comprendre », raconte Florence Méjécase, présidente de l’association Handiparentalité, à Cadillac (33), à l’occasion du débat qui a suivi la diffusion du film. « Il arrive souvent que les médecins standardisent », souligne Edith Thoueille, puéricultrice et fondatrice du service d'aide à la parentalité des personnes handicapées (SAPPH) de la Fondation hospitalière Sainte-Marie. Ce que confirme Bertrand Mas, médecin anesthésiste et vice-président du Groupe Pasteur mutualité, selon lequel « le handicap renvoie à l’échec du corps médical ».
Cela dit, les établissements de santé fournissent des efforts pour s’inscrire dans la loi de 2005 pour l'égalité des droits des personnes handicapées. En atteste Sophie Serreau, sage-femme à la Pitié-Salpétrière (AP-HP), formée à la langue des signes. « On est entrain de contacter toutes les grandes villes de France pour déterminer les services adaptés aux patients sourds. A Grenoble, ça n’est pas mal du tout. »
Marjolaine Dihl
Prochaine diffusion publique : le 5/12 à Strasbourg. Inscription ici. Envoi du DVD gratuitement sur simple demande à communication@gpm.fr .
1- Coproduit et diffusé par la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et du social et le Groupe Pasteur mutualité (GPM).