ONI : bonne année, bon chéquier…

04/01/2012

ONI : bonne année, bon chéquier…

En guise de vœux pour la nouvelle année, les infirmières inscrites à l’ordre mais non cotisantes ont reçu, le 2 janvier dernier, une ultime lettre de rappel avant poursuites. Elles ont quinze jours pour faire leur chèque… En attendant, l’ordre ne fait toujours pas recette auprès des infirmières salariées.

 « Vous êtes inscrit(e) au tableau de l’Ordre national des infirmiers. Cette inscription entraîne le paiement obligatoire de la cotisation ordinale en vertu de l’article L4312-7 du Code de la santé publique. […] Nous vous prions de procéder à la régularisation de votre situation dans un délai maximal de 15 jours. A défaut, nous serons contraints de mettre en œuvre une procédure de recouvrement dont les frais pourront vous êtes imputés. » En fin de semaine dernière, quelque 28 000 lettres ont ainsi été adressées par l'ONI aux infirmières qui ne se sont pas acquittées de leur cotisation de l’année 2011.
Interrogé sur la nature de la procédure, et le coût qu’elle engendrerait pour les infirmières mais également pour l’instance ordinale, l’ordre n’a pas souhaité répondre à nos questions. Dans un communiqué mis en ligne sur son site, le syndicat Résilience appelle les infirmières à ne pas tenir compte de cette menace, et les engage à demander leur désinscription. Joint ce matin, Denis Basset, secrétaire fédéral de FO santé sociaux, membre de l’intersyndicale anti-ordre, maintient l’appel au boycott de l’ordre infirmier. Par ailleurs, il a indiqué qu’Annie Podeur, directrice générale de la Direction générale de l’offre de soins, avait été interpellée le 22 décembre dernier, lors du dernier conseil supérieur de la fonction publique hospitalière, afin qu’elle intervienne auprès des directions d’établissements pour que ces derniers cessent leurs pressions pour contraindre les infirmières, et notamment les jeunes diplômées, à adhérer à l’ordre. « Elle s’est engagée à donner des instructions en ce sens aux établissements ainsi qu’aux Agences régionales de santé », indique Denis Basset.
 
Loin du compte
Côté chiffres, nous en savons désormais davantage sur la répartition par type d’exercice des inscrites et cotisantes à l’ONI. Dans un courrier adressé le 8 décembre dernier au député Pierre Méhaignerie, président de la Commission des affaires Culturelles, Familiales et Sociales à l'Assemblée Nationale, et que nous avons pu récemment nous procurer, Didier Borniche, président de l’ordre, indique en effet que sur les quelque 108 000 inscrites au tableau ordinal, 48 % sont des infirmières libérales et 49 % des infirmières salariées. Les 3 % restant étant non renseignés, il pourrait s’agir d’infirmières ayant une double activité (libérale et salariée) ou en recherche d’emploi.
Concernant les cotisations, Didier Borniche écrit également que le taux d’infirmières inscrites et ayant cotisé serait de quelque 74 %. Pour mémoire, rappelons que le 5 décembre, Karim Maneri, secrétaire général de l’ordre, précisait dans nos colonnes que quelque 80 % des inscrites étaient à jour de leur cotisation. Cherchez l’erreur… Pourtant un écart de 6 % dans une trésorerie ne passe pas inaperçu. Pour résumer, si l’on se base sur un effectif de 500 000 infirmières en activité, dont 77 000 infirmières libérales, le pourcentage des adhérentes salariées demeure extrêmement faible : un peu plus d’une infirmière sur dix est aujourd’hui inscrite à l’ordre, et moins d’une sur dix y a cotisé en 2011. L’ordre semble donc encore très loin du compte. Un bilan qui pourrait inquiéter sa banque, son principal créancier, mais aussi les conseils départementaux de l’ONI, dont certains peinent déjà à payer le loyer de leurs locaux…
 
Françoise Vlaemÿnck

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