Voituriez & Obringer
Engagée dans la stratégie de lutte contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens, l’Eurométropole de Strasbourg propose aux femmes enceintes de bénéficier du dispositif « Ordonnance verte » afin de limiter leur exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse. Explications.
« Les municipalités disposent de compétences générales et peuvent donc fortement s’engager dans la stratégie de lutte contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens », rappelle le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste et adjoint au maire de la ville de Strasbourg, chargé de la santé. C’est le choix opéré par l’Eurométropole de Strasbourg, qui a décidé d’agir pour la santé des femmes et de leur enfant à naître avec le dispositif « Ordonnance verte ».
« Ce dispositif est accessible à toutes les femmes strasbourgeoises exclusivement, enceintes ou dans un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) », fait savoir le Dr Alexandre Feltz. Il donne accès à deux ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens. Le premier atelier est consacré à « Vivre ma grossesse sans perturbateurs endocriniens », et le second à « Repenser mon assiette pour mon bébé et la planète ». « Il prévoit également la mise à disposition gratuite d’un panier de légumes issus de l’agriculture biologique et de circuit court, chaque semaine, pour une durée de 2 à 7 mois, selon les revenus », précise-t-il.
SOUSCRIRE AU DISPOSITIF
Pour rappel, les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle, présents de manière très diverse dans l’environnement quotidien : alimentation, produits ménagers, cosmétiques, jouets. Ces substances jouent un rôle dans le dérèglement du fonctionnement hormonal des organismes vivants. Leurs effets néfastes sur la santé humaine peuvent provoquer des troubles de la croissance, du développement sexuel ou neurologique, des troubles de la reproduction, ainsi que l’apparition de certains cancers et maladies métaboliques comme le diabète. Il est donc nécessaire, en particulier pour les femmes enceintes, de s’en protéger au maximum, ce qu’elles peuvent faire via le dispositif de l’« Ordonnance verte ».
Pour en bénéficier, elles doivent s’inscrire en remplissant un formulaire en ligne puis télécharger les pièces justificatives, à savoir une ordonnance remplie par une sage-femme, un médecin généraliste ou un gynécologue attestant de la grossesse ou du parcours de PMA en cours – le certificat de grossesse est également accepté. Elles peuvent aussi fournir un document indiquant quel est leur quotient familial (QF) afin de déterminer la durée de l’accès aux paniers de légumes(1). L’absence d’attestation de QF entraîne une mise à disposition de paniers sur une durée de 2 mois. Dès la validation de leur inscription, les femmes concernées peuvent bénéficier de l’ensemble du dispositif, quelle que soit la date de leur terme. Après une expérimentation auprès de 800 femmes en 2023, la ville de Strasbourg a décidé, en janvier 2024, de proposer ce dispositif, pour une durée de 3 ans, à 1500 femmes par an.
POUR LA PETITE HISTOIRE
La ville de Strasbourg se positionne comme une collectivité dynamique dans la lutte contre l’exposition de ses habitants aux perturbateurs endocriniens. En janvier 2018, elle a rejoint, par motion au conseil municipal, la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » initiée par le Réseau environnement santé (RES) et elle copilote, avec la ville de Paris, le groupe « Perturbateurs endocriniens » du Réseau français Villes-Santé de l’OMS. À ce titre, elle mène diverses actions dans ce domaine : guide pratique à destination des crèches, ateliers de sensibilisation auprès de jardiniers amateurs, etc.
Laure Martin
(1) Tranche 1 (QF < 957 €) : 7 mois de paniers de légumes hebdomadaires (28 paniers) ; tranche 2 (QF entre 958 € et 1602 €) : 4 mois de paniers (16 paniers) ; tranche 3 (QF > 1602 €) : 2 mois de paniers (8 paniers).