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Ordre infirmier : un logo qui fait parler

22/03/2011

Ordre infirmier : un logo qui fait parler

Deux ans après l’attribution du marché, on apprend que le dirigeant de l’entreprise qui a créé l’identité graphique de l’Oni et la présidente de celui-ci sont… frère et sœur.

Déjà taxée d’autoritarisme par ceux qui contestent sa gouvernance, la présidente de l’Ordre national des infirmiers (Oni), Dominique Le Bœuf, va-t-elle maintenant être accusée de népotisme ? Elle devra en tout cas s’expliquer sur un fait douteux, établi par nos confrères de Rue89 et que nous a confirmé la direction de la communication de l’Oni : la création du logo et de l’identité graphique de l’Ordre a été confiée début 2009 à une société dirigée par Laurent Ameslant, qui n’est autre que le frère de Mme Le Bœuf, comme son nom ne l’indique pas. Et c’est là que le bât blesse. Car si l’on peut envisager que le choix du prestataire se soit porté, en toute transparence et après appel d’offres concurrentiel, sur l’agence Openminded, devenue entre-temps Evermore, ce lien de parenté entre le directeur associé de l’entreprise et la présidente de l’instance cliente ne pouvait en aucun cas être dissimulé.

Ce lien n’était pas caché, se défend d’ailleurs Mme Le Bœuf selon Rue89, mais était-il pour autant clairement identifié et porté à la connaissance des élus nationaux qui ont eu à voter en séance plénière du 3 avril 2009 pour départager quatre prestataires ? Il semble bien que non puisque plusieurs d’entre eux affirment découvrir aujourd’hui cet état de fait.

Qualité de service
A l’Oni, on minimise la portée de ces révélations qui interviennent quelques jours après après l'annonce d’un déficit cumulé de plus de 10 millions d’euros menaçant à court terme la survie même de l’instance (lire notre actualité ici). Les conseillers ont choisi à l’époque « le mieux disant et en termes financiers et en qualité de service », assure la directrice de la communication Virginie Lanlo. Et peu importe que l’un des concurrents aient présenté un projet chiffré à 5.000 euros contre « 17.000 euros » pour Openminded : « Le logo de Pôle Emploi a coûté 2,4 millions d’euros, celui de la HAS où je travaillais avant 600.000 euros ; un logo à 5.000 euros, je ne sais pas ce que c’est », ironise Mme Lanlo qui fait valoir qu’Openminded n’a pas seulement créé le logo de l’Oni, mais également "sa charte graphique déclinée sur les papiers à en-têtes, les cartes de visite, les enveloppes, le matériel départemental et régional, etc. »

Mme Le Bœuf n’était dans l’immédiat pas disponible pour répondre à nos questions. Mais déjà contestée par nombre de ses collègues élus ordinaux, la présidente ne peut qu’être encore affaiblie par cette « affaire » révélée à une semaine à peine d’une séance plénière du Conseil national de l’Ordre qui s’annonce décisive puisque les conseillers s’y prononceront par un vote sur le montant de la cotisation ordinale pour l’exercice budgétaire 2011-2012. Le 29 mars, ils auront en effet à choisir entre cinq modélisations présentées à l’Assemblée nationale le 15 mars. Deux d’entre elles aboutissent à un budget à l’équilibre, deux autres à un déficit réduit par rapport au trou actuel et un dernier à un budget en excédent, mais ce dernier conserve le montant de cotisation en vigueur actuellement.

"Vote de confiance"
Problème : ces cinq hypothèses partent du postulat de 400.000 infirmières cotisantes d’ici à avril 2012. Interrogée sur le caractère très optimiste de ce modèle, quand on sait que l’Ordre ne comptait au 3 mars 2011 que 85.261 inscrits, Virginie Lanlo observe : « Oui, mais si le gouvernement dit enfin aux infirmières que la cotisation est obligatoire aux termes de la loi, ça changera la donne. » Et d’estimer que « beaucoup d’infirmière attentistes » ont très bien intégré le message –faux-, selon lequel la cotisation ne serait obligatoire que pour les libérales. « Il suffit que l’information inverse passe », espère Mme Lanlo.

En attendant, aux élus nationaux d’arbitrer entre les modèles budgétaires prévoyant des cotisations de 30, 50 ou 75 euros pour les salariées et 75, 103 ou 170 euros pour les libérales. Le vote du 29 mars se profile déjà comme « un vote de confiance » envers Dominique Le Bœuf, note la directrice de communication de l’Ordre… à moins que cela ne tourne au vote de défiance, la présidente s’étant toujours arc-boutée sur la nécessité d’une cotisation de 75 euros minimum pour donner à l’Oni les moyens d’accomplir ses multiples missions.

Elections repoussées
Rappelons que Mme Le Bœuf fait partie de la moitié des conseillers ordinaux qu’un tirage au sort a désignés comme devant remettre leur mandat en jeu cette année. Toutefois, les élections qui devaient avoir lieu fin mars pour les départements, fin juillet pour les régions et à l’automne pour l’échelon national, devraient « être repoussées à la fin de l’année », selon Virginie Lanlo.

Cécile Almendros

 

 

 


 

(18/05/2011)
Précisions de Madame Le Bœuf
 
« Il est indiqué qu’en tant que Président du Conseil National de l’Ordre national des Infirmiers, j’aurais orienté le choix du conseil national de l’Ordre vers la société OPENMINDED dirigée par mon frère pour que lui soit attribuée le soin d’élaborer l’identité visuelle de l’Ordre.
 
Je tiens à affirmer que cette attribution s’est faite dans la plus grande rigueur et la plus grande neutralité.
 
En effet, bien que cette obligation de procédure ne s’impose nullement à notre Ordre, j’ai lancé un appel d’offres en vue de cette identité visuelle. Parmi les candidats, l’une des agences avait travaillé notamment pour le logo d’un conseil départemental, l’autre avait acquis une notoriété dans le domaine de la santé, et la dernière avait travaillé pour le compte de clients prestigieux.
 
J’ai ensuite pris la décision de soumettre les propositions de l’ensemble de ces candidats au Conseil national de l’Ordre. Contrairement à ce qui est allégué, je n’ai à aucun moment tenté d’orienter le vote en faveur de la société Openminded. Le choix des membres n’a pas été fait de façon subjective, mais en fonction des prestations proposées et du prix. La société Openminded était la seule à présenter outre un logo, une véritable charte graphique déclinée pour le papier à lettre, les enveloppes, les cartes de visite… Elle a donc été choisie parce qu’elle était la mieux disante en termes de prestations et de prix.
 
Venir me reprocher que j’aurais dû porter à la connaissance du Conseil national de l’Ordre qu’elle était dirigée par mon frère est un mauvais procès destiné à me déstabiliser, et par voie de conséquence, à fragiliser l’Ordre. C’est précisément si j’avais fait état de la qualité de mon frère pour peser sur le choix du prestataire que la concurrence aurait été biaisée. Au contraire, c’est en toute liberté et objectivité que la société Openminded a été retenue à une très grande majorité : 22 voix sur 27.
 
J’ajoute que, par une motion du 28 mars 2011, une quarantaine de présidents des conseils départementaux et régionaux ou membres du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers, m’ont exprimé à nouveau leur confiance et m’ont assuré de leur soutien. »

 

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