Ordre, loi «Bachelot»… la contestation s’invite au Salon | Espace Infirmier
 
14/10/2009

Ordre, loi «Bachelot»… la contestation s’invite au Salon

A l’appel de l’intersyndicale anti-ordre, plus d’une centaine de militants a manifesté dans les allées du Salon infirmier, à Paris, et pris d’assaut le stand de l’instance ordinale. A lire également, le discours de Roselyne Bachelot, tenu la veille sous une bronca.

Salon09

«Ordre infirmier, racket organisé»,«Même gratuit, on n'en veut pas», «Non, non, non, payer pour travailler!»Les slogans du mouvement contre l’ordre infirmier, ravivé depuis l’appel à cotisation lancé par l’instance fin août, étaient déjà installés dans le paysage militant. Mais le tour spectaculaire pris par l’action menée ce 14 octobre au Salon infirmier de Paris (1) a surpris bien des observateurs.

Sur le modèle des manifestations qui ont essaimé à travers la France ces dernières semaines (notamment le 30 septembre, « dans une cinquantaine de villes », chiffre un militant de Sud-Santé) le rassemblement a commencé à 10 heures, face à l’entrée du salon. La distribution de tracts s’est accompagnée d’un rituel de destruction de dossiers d’inscription, à la main et par le feu, dans une corbeille transformée en mini-brasero (voir les photos ici).

Plus d’une centaine de militants (2) étaient présents, venus de la région parisienne, mais aussi d’Alès, Caen, Clermont-Ferrand, Lille, Rennes, Tours… à l’appel de l’intersyndicale anti-ordre, composée de la CFTC, la CFDT, FO, le Snics-FSU, Sud, l’Unsa et la CGT. Organisations qui contestent non seulement le montant de la cotisation demandée par l’ordre (75 euros), mais aussi l’existence de l’ordre par elle-même.

Poche d'urine et boules puantes

Ces préambules posés, la délégation force rapidement l’entrée du salon, et se dirige à travers les allées vers le stand de l’Ordre national infirmier, aussitôt encerclé. Tandis que les représentants de l’ONI sont pris à partie sous les cris de la foule, une personne handicapée s’approche en fauteuil roulant et vide sa poche d’urine sur la moquette du stand…

Les manifestants commencent à démonter le comptoir d’accueil et arracher les affiches tapissant le stand, tandis que sont lancées des boules puantes et des ampoules de Bevitine®. « L’ordre, ça pue ! », entonne à propos la délégation, composée en majorité de militants CGT et Sud-Santé.

On entendra également des slogans très peu amènes envers l’instance, tels que « Les ordres, enfants de Pétain » (référence à la création de l’ordre des médecins en 1940), et même ad hominem, à l’intention de la présidente de l’ONI ([Dominique] « Le Bœuf, si tu savais, ton ordre où on s’le met », etc.).

Après un long face-à-face, le siège est levé. La délégation prend le chemin du forum central, transformé en tribune en lieu et place des interventions prévues. « Je ne veux pas rentrer dans les ordres, je ne suis pas une nonne », clame au micro Monique Sabran, militante CGT d’Alès. « L’ordre est un organisme privé », fustige à son tour Martine Hedreul-Vittet, de la CFTC de l’AP-HP, qui estime que le Haut Conseil des professions paramédicales est plus légitime que l’ONI pour représenter les infirmières.

« Nous avons un alien, un parasite qui vient se greffer sur la profession », attaque Pascal Dias, de Sud santé-sociaux (EPS de Ville-Evrard, 93), qui estime que « l’ordre marche main dans la main avec madame Bachelot » et qu’il « n’a pas à s’imposer à la profession entière ». « L’ordre va encore ajouter un niveau de sanction », renchérit un militant de la CFDT, suivi par un représentant du nouveau syndicat de masseurs-kinésithérapeutes Alizé (http://www.alize-kine.fr). « J’espère qu’ensemble on fera basculer l’édifice » des ordres professionnels paramédicaux, lance ce dernier, voyant dans l’importance en nombre de la profession infirmière un facteur déterminant.

Le cortège s’est finalement dispersé après deux heures de manifestation et un dernier passage devant le stand de l’ordre.

Discussion difficile…

Depuis 1988, le Salon infirmier donne régulièrement lieu à l’expression des revendications infirmières (qu’elle soient portées ou non par les syndicats). Mais pour cette vingt-deuxième édition, la contestation a pris une ampleur assez inédite. « Sur le salon, ça n’avait pas eu jusque-là un caractère aussi fort, pêchu et radical », assure Pascal Dias (Sud), ancien animateur du mouvement infirmier de 1988.

Du côté de l’Ordre national infirmier, une fois le stand refait à neuf, le ton est nettement moins enthousiaste. Virginie Lanlo, la directrice de la communication de l’ONI, trouve le procédé « très irrespectueux ». « On savait qu’un appel au boycott était lancé et qu’une action aurait lieu au Salon infirmier, mais on n’imaginait pas que cela irait jusqu’à un jet de poche d’urine, des boules puantes et des tentatives de casser le stand. Cela préfigure mal d’une discussion possible avec les syndicats présents », pointe-t-elle. 

Elle rappelle que l’ordre entend bien « être une voix auprès des pouvoirs publics, sur des questions telles que le référentiel de formation, la vaccination contre la grippe A(H1N1), ou encore les pratiques avancées ». Et que si les syndicats et l’ordre ont des missions distinctes, les uns et les autres sont « très complémentaires ».

Nicolas Cochard

1- Le Salon infirmier a lieu porte de Versailles, à Paris, du 13 au 15 octobre 2009.

2- Des communiqués de presse issus de l'intersyndicale comptent plusieurs centaines de manifestants (350 selon Sud-Sante, qui compte également 500 dossiers brûlés au Salon infirmier).

• Agenda: une nouvelle journée d'actions est annoncée par l'intersyndicale le mardi 20 octobre. Elles organisations de l'intersyndicale appellent aussi à une grande manifestation nationale à Paris d'ici à la din de l'année 2009.

• Exprimez-vous sur notre forum consacré à l'ordre infirmier.

• Voir les photos sur Flickr (© Espaceinfirmier.com).

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Cornes de brume sur le discours de Roselyne Bachelot

Mardi 13 octobre, le discours de Roselyne Bachelot, en visite au Salon infirmier, a été largement couvert par une bronca (cris, sifflets et cornes de brume) lancée par un groupe de militants de la Coordination nationale infirmière (la CNI, qui ne fait pas partie de l’intersyndicale anti-ordre). « Jamais entendues ! Quel effet ça fait, Madame Bachelot ? », était inscrit sur leur banderole.

La ministre, de son côté, a poursuivi imperturbablement son discours. Parmi les thèmes abordés: la réforme de la formation initiale, la coopération entre les professions de santé, la recherche infirmière, le rapport De Singly sur la revalorisation du statut des cadres, ou encore le recours aux infirmières pour la vaccination contre la grippe A(H1N1).

 

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