Patient, mentoré, mentor : le trio gagnant de la « pairagogie » | Espace Infirmier
 
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04/07/2024

Patient, mentoré, mentor : le trio gagnant de la « pairagogie »

Pour sécuriser la prise en charge médicamenteuse, l’unité de médecine post-urgences du CHU de Rennes a mis en place, en juillet 2023, une action de démarche qualité s’appuyant sur le mentorat. Les porteuses en ont fait un « retex », lors du Salon infirmier.

26 mai 2023 : les référents de l’unité de médecine post-urgences (MPU) du CHU de Rennes se rencontrent, pour discuter des axes d’amélioration. La sécurisation de la prise en charge médicamenteuse (SPM) est alors identifiée comme prioritaire. Pour plusieurs raisons, liste Françoise Chauvel, IDE de jour et référente sur le sujet : le médicament est un risque pour les patients ; il y a un besoin d’uniformisation des pratiques des infirmières en poste ; il y a un mouvement de personnel avec l’arrivée effective de diplômés 2022 et celle à venir de diplômés 2023.

Dans ce contexte marqué par le turnover, « avoir des bases solides » semblait crucial, raconte-t-elle. D’autant que plusieurs recrues ne connaissaient pas les circuits du CHU. D’autant, aussi, que l’unité de MPU est « un peu particulière », présente Nelly Chenevière, cadre de santé : c’est une unité du CHU, délocalisée dans une clinique, la polyclinique Saint-Laurent. Cela engendre deux difficultés : les flux, mixtes, exigent de l’adaptabilité. Et les IDE y sont à 100% responsables de la gestion médicamenteuse.

« Rendre ludique la sécurité des soins »

L’ambition est de « conforter et améliorer les bonnes pratiques », pose Mathilde Poultier, IDE de nuit, aussi référente SPM. Dans cette optique, une semaine du médicament a été organisée début juillet 2023, lors de la réorganisation l’été de l’effectif en deux équipes de 12 h.

Plusieurs objectifs : connaître la gestion des médicaments ; maîtriser les modalités de prescription médicale dans le dossier patient informatisé ; s’approprier la prescription pour une administration conforme ; savoir étiqueter les injectables correctement ; connaître les bonnes pratiques d’administration des médicaments à haut risque ; savoir gérer le réfrigérateur ; identifier le rôle de chacun.

Pour la pédagogie, exit le mono-discipline, toute l’équipe de l’unité a été embarquée dans la réflexion. Exit aussi l’auto-formation via l’intranet, ils optent pour 3 ateliers, afin de  toucher tout le monde. En post-prandial, autour d’un cas concret. Et vivants, car le dynamisme est un bon « ancrage de mémorisation », souligne Françoise Chauvel. Leur credo est : « Rendre ludique la rigueur et la sécurité des soins ».

Pour que le contenu des échanges ne s’évapore pas, une fiche réflexe, de « fabrication maison », « qu’on peut désinfecter », a été éditée, fait savoir Nelly Chenevière. Elle regroupe en 12 points le rôle de chacun (médecins, internes, infirmiers, aides-soignants, « d’anticipation » personnel administratif). C’est un support et un engagement en matière de SPM pour tous ceux en poste, mais aussi ceux qui arrivent (infirmiers ou non), étudiants compris.

Une action plébiscitée par l’équipe

Pour la cadre, la démarche montre les vertus de la pairagogie, apprentissage collaboratif entre pairs (et du tutorat). Côté IDE mentorés, c’est un atout pour ceux en place car « les procédures sont difficiles à acquérir et mouvantes ».Mais aussi pour les novices, qui peuvent « balayer les différents domaines », « aborder avec plus de sérénité leur prise de poste », saisir les notions de « rigueur » et « d’anticipation ». Côté IDE expertes, c’est un moyen d’exercer autrement en transmettant, de « monter en compétences » notamment en pédagogie, se réjouit Mathilde Poultier. Mais aussi de faire reconnaître son expertise et de la partager.

L’implication de tous - tant du médical que du paramédical - a aussi été bénéfique, observe cette dernière, pour renforcer la « cohésion d’équipe », la « motivation ». Et le fait que la bienveillance ait régné tout au long des échanges, a aussi « facilité l’intégration des novices ». Pour les porteuses du projet, tout cela concourt à une meilleure gestion du risque médicamenteux, au profit du patient. Qui, rappelle Françoise Chauvel, « est au cœur du soin et au centre de notre responsabilité ».

Cette semaine à thème a été « plébiscitée par l’équipe », fait savoir Nelly Chenevière. À tel point qu’elle a été renouvelée en septembre de la même année et au mois de juin 2024. Elle a eu « un effet d’exemplarité, poursuit-elle.En particulier pour les autres référents de l’unité. Tout le monde a voulu faire sa semaine ».

Pauline Machard

*L’unité de MPU est née en 2018, à la suite de la signature d’une convention tripartite entre la clinique, le CHU, l’ARS.

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