Pénibilité du travail : Convergence infirmière réclame sa reconnaissance

76.89 % des infirmières libérales (idel) ayant répondu à l’enquête se considèrent comme fatiguées, déprimées ou en burn-out en raison de leur activité professionnelle. Elles sont même 36.67 % à prendre un traitement médicamenteux (problématiques physiques ou psychologiques) pour cette raison. 54 % sont stressées ou angoissées à l’idée d’aller travailler. D’ailleurs, 62 % révèlent avoir subi des menaces ou des violences physiques dans le cadre de leur travail et 22.5 % des violences à caractère sexuel. 53 % estiment ainsi que leur activité entraîne des répercussions sur le bien-être de leurs enfants, et 46.2 % qu’elle est à l’origine de conflits familiaux.  

Ce stress a également d’autres origines, notamment la crainte des idel face aux menaces de sanctions professionnelles de leur Ordre ou de l’Assurance maladie (94 %). 98 % considèrent que la complexité de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) et les indus induisent une charge mentale. « Aujourd’hui, les idel ont peur d’aller travailler car elles redoutent des sanctions de leur caisse, regrette Ghislaine Sicre. Elles ne travaillent pas de manière sereine. » Sans surprise, elles sont également 96 % à considérer que la paperasserie administrative induit une charge mentale.

Concernant le déroulement de leur tournée, 46 % des infirmières libérales effectuent entre 50 et 100 kms par jour. 73 % considèrent les conditions de circulation comme un critère de pénibilité, tout comme les conditions de stationnement (67.88 %).

Elles sont par ailleurs 84 % à souffrir de troubles musculosquelettiques. Les causes sont variées : le fait de descendre et monter de leur voiture entre 50 et 100 par jour pour 52 % d’entre elles. Elles sont également environ 30 % à manipuler entre 100 et 250 kg par jour, et 26.81 % entre 250 et 400 kg.  Elles estiment quasiment toutes que dans leur travail, certaines postures sont pénibles, notamment pour effectuer les soins d’hygiène, les pansements et les prises de sang. Elles sont presque 45 % à se trouver entre 20 et 60 minutes par jour en position accroupie ou à genoux. « Les conditions de travail au domicile sont loin d’être les mêmes qu’à l’hôpital, rappelle Ghislaine Sicre. Chez les patients, nous n’avons pas toutes accès à du matériel adapté à la prise en charge et face à un patient lourd, nous n’avons pas d’autre choix que de nous débrouiller seule. »

Face à ces résultats, Ghislaine Sicre ne promet pas de miracle, car il est difficile de modifier la réalité du travail des idel. « En revanche, j’entends agir pour faire reconnaître la pénibilité de notre métier car dans ces conditions, je ne sais pas comment nous allons faire pour tenir jusqu’à 67 ans pour percevoir notre retraite à taux plein », reconnaît-elle. Elle suppose que si le gouvernement a, jusqu’à présent, botté en touche sur cette demande, c’est en raison des conséquences économiques d’une telle mesure, les infirmières, tous statuts confondus, étant plus de 600 000 en activité en France. L’enquête du syndicat a été envoyée aux parlementaires et au Ministre de la Santé, pour « éveiller les consciences sur la réalité du métier », conclut Ghislaine Sicre, qui espère des mesures législatives ou réglementaires en ce sens.

* Sur 50 000 envois, 5 423 infirmières libérales ont répondu à l’enquête du syndicat.

**Pour lire l’intégralité de l’enquête : https://convergenceinfirmiere.com/wp-content/uploads/2023/11/Enque%CC%82te-PE%CC%81NIBILITE%CC%81-IDEL.pdf