Personnels hospitaliers : le bonheur est dans le collectif de travail

07/10/2011

Personnels hospitaliers : le bonheur est dans le collectif de travail

La communication, l’échange seraient-ils les bases de meilleures conditions de travail dans les services hospitaliers ?

Les professionnels de santé -au premier rang desquels les médecins, directement suivis par les infirmières- forment le corps de métiers qui se suicide le plus. Tel est le constat posé par Viviane Kovess-Masféty, épidémiologiste psychiatrique, à l’occasion d’un colloque organisé le 29 septembre par l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) sur le thème "Prendre soin du travail : pour un management soucieux de la qualité de vie des personnels de la santé". Un phénomène qu’expliquent, selon elle,  plusieurs facteurs: d’abord, l’accès facile aux moyens létaux ; le fait que l’activité professionnelle soit directement liée à la mort et, en tout cas, à la souffrance ; mais aussi le rythme de travail et la violence pas si rare des patients ou de leur famille.

Si l’on se réfère aux études existantes, « entre 1991 et 2005, les gens répondent trois fois plus qu’ils sont tristes en 2005. En revanche, la maladie dépressive n’a pas bougé », constate Viviane Kovess-Masféty. Gare donc au phénomène médiatique selon lequel la dépression se développerait dans nos sociétés et en particulier dans le monde du travail. Selon elle, seul le mal-être se développerait. Mais le fait de parler de problèmes de santé mentale reste tabou dans notre pays, déplore la psychiatre : « Un travail reste à faire pour déstigmatiser. On ne peut pas gérer un tel sujet si les gens sont mal à l’aise avec cela. » Cela étant, Viviane Kovess-Masféty reste réticente aux pratiques opérées par certaines entreprises qui consistent à créer des groupes de parole ou à faire intervenir des cellules d’écoute. Selon elle, non seulement les groupes de parole ne sont pas adaptés aux personnes suicidaires mais en plus, « toutes les interventions de cellule d’écoute, dont les écoutants sont sélectionnés et rémunérés directement par l’employeur, sont à la limite de l’exercice illégal de la médecine », juge-t-elle.

Travailler en amont, pour éviter le mal-être
Dans les services hospitaliers, il appartient aux managers de trouver les solutions permettant de « transcender les difficultés de l’hôpital », de sorte que les équipes puissent continuer à avancer. Les managers doivent en quelque sorte être en mesure de faire éponge, mais ils doivent également trouver le lieu où les équipes peuvent parler des difficultés qu’elles rencontrent.

Par ailleurs, anticiper les difficultés reste possible, selon le type de management que l’on choisit. Ainsi, considère Philippe Colombat, professeur en hématologie au CHU de Tours, les staffs permettent un modèle de management participatif, où tout un chacun a voix au chapitre, peut et doit être entendu. Il est nécessaire, selon lui, de chercher constamment le consensus, d’en finir avec les prises de décision unilatérales, qui s’imposent à tous. On accepte mieux les décisions auxquelles on a été associé. Un tel modèle cependant nécessite que les managers partagent cet idéal d’esprit d’équipe. La solution résiderait dans la formation initiale et continue des chefs, dans laquelle devrait être enseigné le principe selon lequel « les staffs pluriprofessionnels permettent une pluralité des regards » et ouvrent des perspectives, pas uniquement sur la prise en charge spécifique de tel ou tel malade, mais également s’agissant de la vie du service, des conditions de travail ensemble.
Sandra Serrepuy

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