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23/05/2024

Pharmacien et artiste, Julien Sfeir dénonce le gaspillage des médicaments en musique

Pharmacien d’officine à mi-temps à Angers, Julien Sfeir est aussi un artiste. Dans sa dernière composition « Je jette des boîtes », il dénonce avec violence et sincérité, le gaspillage des médicaments. Il entend ainsi alerter et responsabiliser la population. Entretien.

 

Pourquoi cette chanson ?

A l’origine, je n’ai pas composé cette chanson dans le cadre d’une initiative de santé publique ou sanitaire. C’est surtout parce que je suis un artiste, j’ai un projet musical. Face à une problématique que j’ai rencontré avec des médicaments, j’ai voulu la poser sur des mots.

Quelle est cette problématique ?

Je suis d’origine libanaise. En 2020, avec la crise sanitaire, politique et économique qu’a traversé le pays, les problèmes d’accès aux médicaments ont commencé. Ma famille et beaucoup de Libanais sont venus me voir pour me dire qu’il fallait en envoyer directement dans ce pays. J’ai souhaité organiser une collecte au sein du groupement de pharmacies d’officine dans lequel je travaille. Mais la Haute Autorité de santé (HAS), l’Inspection de la pharmacie et le ministère de la Santé m’ont dit que ce n’était pas possible. Une loi de 2009 interdit la redistribution des médicaments non utilisés dans un but humanitaire pour éviter trois problématiques : le mésusage des médicaments et les problématiques d’observance ; le trafic ; la gestion des dates de péremption courtes.

Qu’avez-vous souhaité montrer dans votre clip ?

J’ai voulu expliquer qu’en officine, nous récupérons des médicaments viables, qui vont tous être incinérés par l’organisme Cyclamed, alors qu’au Liban, ils n’ont rien. Pour autant, mon objectif n’est pas de viser un responsable. Je ne souhaite pas dénoncer une classe, une profession ou une population mais plutôt montrer à quel point la situation est aberrante. Les médecins peuvent surprescrire, les pharmaciens sur-dispenser, les patients surconsommer et suracheter… Face à cette problématique, chacun doit agir à son échelle. Car il y a un sacré gaspillage, de la même façon que l’on consomme trop d’eau. Je ne remets pas en cause le tiers payant. Pour autant, je pense qu’il déresponsabilise les patients dans leur approche de la consommation des médicaments. Peut-être que le passage de la franchise à 1 euro va les sensibiliser davantage. Ou pas.

La musique, cela vous vient d’où ?

J’ai toujours été musicien. Plus jeune, j’ai fait de la batterie. Mais je ne me destinais pas à en faire mon métier. J’ai suivi une reproduction sociale. Des membres de ma famille sont professionnels de santé, et j’ai toujours aimé l’univers des médicaments, j’ai donc choisi pharma. Pendant mes études, j’ai voulu développer un projet musical et c’est après l’obtention de mon diplôme en 2012 que j’ai décidé de me lancer dans la musique. J’exerce donc à mi-temps en officine et le reste du temps, je le consacre à mon projet musical. Auparavant, je faisais de la pop-variété. Cela me plaisait mais ne me représentait pas vraiment. Il y a trois ans environ, j’ai changé d’univers musical pour me tourner vers de la pop urbaine électro. J’écris, je produis, je réalise et je m’entoure des bonnes personnes. C’est davantage naturel et je ne m’empêche rien. Il faut toujours chercher la bonne manière de dire les choses. Avec « Je jette des boîtes » par exemple, je voulais du sarcasme, de la violence et de la sincérité. Prochainement, je vais travailler sur la place des femmes dans la société et sur le fait d’être Libanais dans le monde. Les gens ne se sentent jamais autant touchés que lorsqu’ils sont concernés par le morceau.

Propos recueillis par Laure Martin

Pour voir le clip : https://www.youtube.com/watch?v=PvYzqOBPhZg

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