Alors qu’il reste aux équipes moins d’un mois et demi pour répondre à l’appel d’offre du PHRIP 2012, retour sur une démarche de recherche infirmière, portant sur la prévention des risques d’infection nosocomiales en réanimation par les soins de bouche.
Cette année, l’appel d’offre du PHRIP a été publié dans une circulaire conjointe à l’ensemble des programmes de recherche hospitaliers. Les dossiers doivent parvenir à la DGOS (Direction générale de l’offre de soins) avant le 20 janvier 2012. Lors du dernier Salon Infirmier, Cécile Bordenave, cadre de santé IADE en réanimation brûlés et en consultations d’anesthésie au CHU de Bordeaux, a présenté l’élaboration du projet de recherche qu’elle a coordonné, et l’intérêt que cela peut représenter pour la réflexion sur la pratique des soins, son amélioration, et le positionnement infirmier au sein de l’hôpital.
Quand un laboratoire a proposé à Cécile Bordenave un nouveau modèle de brosse à dents, la cadre de santé s’est aperçue que les pratiques de brossage n’étaient pas uniformes au sein de son unité, et étaient d’ailleurs diverses entre les différentes unités de réanimation du CHU. Un groupe de travail, comprenant infirmières, aides-soignantes, cadres de santé et médecins des six unités de réanimation de l’établissement, s’est alors constitué. Une infirmière hygiéniste a réalisé un audit des différentes pratiques, qui ont pu être comparées. Et un travail de recherche bibliographique a permis de découvrir qu’une étude européenne avait prouvé l’efficacité du brossage des dents et de l’usage de la Chlorexidine pour diminuer les risques de pneumopathie acquise sous ventilation mécanique (PAVM), l’infection nosocomiale la plus répandue dans les services de réanimation. Le groupe de travail a ensuite élaboré un protocole permettant d’harmoniser la pratique des soins de bouche dans toutes les unités, d’élargir l’utilisation de la Chlorhexidine, et d’introduire le brossage des dents.
Un projet non sélectionné… mais riche d’enseignements !
Devant les difficultés rencontrées pour obtenir un financement pérenne pour l’achat du matériel nécessaire à la mise en œuvre de ce protocole, le groupe de travail s’est lancé dans l’aventure du PHRI. Un travail avec la DRCI (Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation) du CHU a permis d’élaborer un projet de recherche, visant à prouver qu’un protocole d’intensification des soins de bouches retarderait la colonisation des aspirations trachéales d’au moins deux jours par rapport au protocole en cours.
Présenté à l’appel à projets pour le PHRI en 2010, le projet de recherche n’a pas été sélectionné, mais a retenu l’attention des évaluateurs. Ceux-ci ont conseillé à Cécile Bordenace, investigatrice principale, de veiller à harmoniser les méthodes d’évaluation des professionnelles, infirmières ou aide soignantes, chargées de réaliser les soins de bouche et de relever les données nécessaires à la recherche.
Remanié, le projet, a été présenté pour l’appel à projet du PHRIP de 2011 et n’a a nouveau pas été retenu, les critères d’évaluation semblant avoir évolué par rapport à l’année précédente. Malgré les déceptions inhérentes à cette non sélection, Cécile Bordenave a souligné l’intérêt de la démarche effectuée. « Cela nous a permis de nous tourner vers ce qui se faisait à l’extérieur et de l’intégrer à notre pratique. C’est également un moyen de faire reconnaître notre voix auprès des services économiques de l’établissement. Une recherche en prévention, si elle exige un investissement, permet à terme de limiter la durée d’hospitalisation et donc de limiter les coûts. » Sans oublier qu’outre le PHRIP, d’autres sources de financement existent pour soutenir la recherche infirmière, comme, par exemple, la dotation annuelle de la SFEDT (Société française d’étude et de traitement de la douleur).
Marie-Capucine Diss