Pilotage des pôles : les cadres à l’honneur

Avec la nouvelle gouvernance hospitalière instaurée par la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (HPST) de juillet 2009 et la consécration des médecins chefs de pôles comme leaders stratégiques, nombre de cadres de santé de pôle se sont interrogés sur leur devenir. A ce titre, la dernière manifestation de la Fédération hospitalière de France (FHF) sur le thème du pilotage opérationnel des pôles peut être interprétée comme un message d’encouragement à destination des cadres de pôle. « Dans cette nouvelle gouvernance, les grands gagnants sont à l’évidence les cadres supérieurs de santé. Ce sont eux qui gèrent le pôle au quotidien », a souligné Guy Vallet, inspecteur général des affaires sociales (Igas), co-auteur d’un récent rapport sur l’organisation en pôles.

Pour chacun des thèmes abordés, des contrats de pôles aux délégations de gestion, les organisateurs de la manifestation avaient invité un cadre de pôle à s’exprimer aux côtés d’un directeur d’hôpital ou d’un chef de pôle.

Une « trinité vertueuse » selon la FHF
Cette notion de « trinité vertueuse » entre directeur, chef de pôle et cadre de pôle a notamment été illustrée par les présentations de cadres de pôle des CH de Martigues et d’Annecy. Sylvie Ravasson, cadre supérieure du pôle de médecine à Martigues, a ainsi expliqué qu’elle a été désignée comme chef de projet pour la réorganisation de l’oncologie au sein de son établissement. De la composition des groupes de travail à l’animation du comité de pilotage, elle estime avoir un rôle déterminant dans la déclinaison des enjeux stratégiques de son établissement.

Pascale Deletraz, cadre supérieure de santé dans le pôle médico-chirurgical du CH d’Annecy, a évoqué les outils qui lui ont permis de structurer la communication à l’intérieur de son pôle : fiches de bilan d’activité régulières, mise en place d’un dossier partagé entre cadres de santé et médecins du pôle…

Des politiques volontaristes
Au CHRU de Metz-Thionville, on a souhaité renforcer le rôle des cadres de pôle dans les processus de décision stratégique. Ce rôle a été formalisé par la présentation aux instances de fiches de mission cadres de pôle, mais aussi par l’organisation de formations communes médecins-cadres de pôle, ainsi que par la mise en place d’une parité médecins-cadres pour l’ensemble des commissions institutionnelles.

Des cadres de pôle ont aussi parlé de leurs nouvelles responsabilités depuis la mise en place des délégations de gestion. Françoise Saintwril, cadre supérieure de pôle au CHRU de Lille, a expliqué qu’elle dispose d’une réelle autonomie décisionnelle pour gérer les remplacements de personnel non médical. Cette montée en puissance du rôle des cadres de pôle pose en filigrane la question de la place de la direction des soins.

Pour plusieurs représentants des directeurs de soins présents lors de la manifestation, comme Elisabeth Da Cunha du CH de Saintonge ou Elisabeth Gloaguen du CHRU de Metz-Thionville, il s’agit aujourd’hui de se positionner sur une fonction transversale dans l’accompagnement de l’encadrement. Une cohésion sans doute nécessaire pour balayer le spectre redouté de la « balkanisation » de l’hôpital…

Joëlle Maraschin