« Il faut rendre attractifs les métiers liés au vieillissement de la population », a déclaré le président de la République vendredi lors d’une conférence européenne sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées. Dans son discours Nicolas Sarkozy est revenu en détail sur le contenu du Plan Alzheimer 2008-2012, le troisième plan français de lutte contre le fléau de la maladie neurodégénérative qui touche quelque 800.000 personnes en France et que le président français souhaite inscrire dans une dynamique européenne.
Ainsi a-t-il souhaité que soit menée à l’échelle européenne, une réflexion sur les métiers car « la prise en charge des malades exige des compétences particulières », a-t-il souligné. « Il faut valoriser le rôle social de ces métiers, leurs carrières, leur rémunération », a-t-il insisté.
Le métier de coordonnateur accessible aux infirmières
Le plan Alzheimer prévoit la création de nouveaux métiers tels que ceux de coordonnateurs de soins et d’assistants de gérontologie. Le métier de coordonnateur de soins sera accessible en priorité aux infirmières et aux assistantes sociales, selon Bruno Lavallart, membre de la commission chargée de piloter le plan.
Déjà en février, lors de la présentation du Plan Alzheimer, le président de la République avait précisé que les coordonnateurs de soins ne seraient pas des médecins et qu’ils seraient employés par les maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer (Maia). Selon le gouvernement, près de 100 projets ont été déposés pour répondre à l’appel à candidatures pour l’expérimentation de 10 à 15 Maia lancé en juillet. Une dizaine d’expérimentations sera lancée à partir de novembre.
Les coordonnateurs de soins seront spécialisés dans la prise en charge des cas complexes. « A la fois chefs d’orchestre et porte-parole », ils interviendront dans les champs du sanitaire et du social, en ville et à l’hôpital, selon Benoît Lavallart.
Assistants de soins en gérontologie
Le métier d’assistant de soins en gérontologie sera quant à lui accessible aux aides-soignants, aux aides médico-psychologiques et aux auxiliaires de vie sociale. Le Plan Alzheimer prévoit la mise en place de 1.000 coordonnateurs de soins et de 500 assistants de gérontologie d’ici 2012.
Le plan, qui entend imposer « une approche globale de la maladie, à la fois médicale, scientifique et sociale », s’accompagnera de « 1,6 milliard d’euros de dépenses nouvelles sur cinq ans », a rappelé Nicolas Sarkozy vendredi. « La marque de fabrique du plan Alzheimer français est d’intégrer la recherche, les soins, et l’accompagnement », a-t-il ajouté, dans l’objectif « de développer des synergies pour améliorer la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ».
Un combat européen
En ce qui concerne la recherche, une réunion se tiendra le 13 novembre sous l’égide du ministère de la Recherche afin de déterminer cinq priorités dans le cadre d’un programme européen de recherche sur la maladie d’Alzheimer.
« Ce combat doit être celui de l’Europe tout entière », a martelé Nicolas Sarkozy, rappelant que plusieurs millions de personnes en Europe sont atteintes de la maladie d’Alzheimer et que leur nombre est voué à augmenter. « Je souhaite que le conseil européen adopte d’ici la fin de la présidence française (de l’Union européenne, le 31 décembre 2008, ndlr) des recommandations invitant chaque Etat membre à se doter d’un plan Alzheimer d’ici 2010 », a déclaré le président français.
Il a souligné les bienfaits qui pourraient être retirés d’une coordination européenne des efforts de recherche grâce, notamment, à la constitution de grandes cohortes de populations malades. « Nous pourrions tirer de grandes études épidémiologiques européennes une connaissance beaucoup plus fine de la maladie et de ses évolutions », a-t-il observé.
Accompagnement
Outre la recherche, le deuxième volet du Plan Alzheimer 2008-2011 consiste à renforcer les capacités de diagnostic et de soins. A cet égard, « le dispositif d’annonce de la maladie est une mesure essentielle », a estimé Nicolas Sarkozy. Il devra faire en sorte « que l’annonce ne laisse pas le patient et sa famille seuls face à la maladie ».
Le troisième volet du plan concernera l’accompagnement. Les premières maisons d’accueil et d’accompagnement des malades d’Alzheimer seront expérimentées en 2009, a précisé le chef de l’Etat. Le maintien à domicile sera privilégié avec l’aide des nouvelles technologies. Le gouvernement annonce le renforcement en 2009 des droits à la formation des aidants familiaux avec deux jours de formation par an.
C. A.