Roselyne Bachelot promet l’interdiction totale de la vente d’alcool aux mineurs pour 2009, dans le cadre de son plan de lutte contre l’alcoolisme chez les jeunes.
Dans un entretien au « Journal du dimanche », la ministre de la Santé entend prendre des mesures strictes pour remédier au « flou artistique » qui règne aujourd’hui en la matière. Cette fois, l’interdiction devrait être effective « qu’il s’agisse des bars ou des discothèques, mais aussi de la vente à emporter, dans les épiceries et les supermarchés » et les open-bars, qui permettent de consommer autant d’alcool que l’on veut à condition de payer une somme forfaitaire, seront également interdits, de même que la consommation d’alcool sur la voie publique aux abords d’établissements scolaires.
Quant à l’interdiction de la vente d’alcool dans les stations-services, aujourd’hui effective de 22h à 6h seulement, elle deviendra totale, annonce Mme Bachelot qui précise que toutes ces mesures figurant dans le plan santé Jeunes seront incluses dans le projet de loi « Santé, patients, territoires » attendues devant le Parlement à l’automne et prendront effet en 2009.
Dans l’immédiat, le ministère de la Santé va lancer une campagne de communication estivale destinée à lutter contre le phénomène nouveau d’alcoolisation massive des jeunes ou « binge drinking » selon l’expression britannique. Cette campagne, que la ministre dévoilera jeudi, s’appuiera notamment sur un spot « au ton décalé », « apprécié et bien compris des jeunes », qui sera diffusé « à la télé et dans les salles de cinéma », précise Roselyne Bachelot dans le « JDD ». Il y aura également une campagne sur les ondes radiophoniques, aux heures où les jeunes écoutent le plus la radio, soit entre 18h et minuit, ainsi qu’un site Internet.
Selon l’Enquête sur la Santé et les Consommations lors de l’Appel de Préparation A la Défense (ESCAPAD) réalisée en 2005 auprès de 30.000 garçons et filles de 17 ans, si l’usage régulier d’alcool apparaissait en décroissance par rapport à 2003, en revanche, les ivresses régulières étaient, elles, en hausse, passant de 7% à 10% (cf le site Internet de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, www.drogues.gouv.fr). Ainsi, près de la moitié des jeunes interrogés (46%) indiquaient « avoir bu au moins cinq verres d’alcool en une seule occasion » -soit la définition du « binge drinking »- au cours des 30 derniers jours.
Par ailleurs, le nombre d’hospitalisations pour ivresse chez les jeunes (15 à 24 ans, mais aussi moins de 15 ans…) a spectaculairement augmenté de 50% entre 2004 et 2007, note Roselyne Bachelot.
Avec sa campagne estivale, le ministère espère « prévenir non seulement les accidents de voiture, mais aussi d’autres comportements induits par l’excès d’alcool » comme « la violence, les rapports sexuels non protégés », voire « contraints », ainsi que « les comas éthyliques qui peuvent engendrer le décès ».
C. A.