Polyarthrite rhumatoïde : un projet place l’infirmière au cœur de la prise en charge

05/05/2011

Polyarthrite rhumatoïde : un projet place l’infirmière au cœur de la prise en charge

Surveiller l’évolution de la maladie et détecter les co-morbidités : tels sont les deux objectifs du projet Comedra. Dans une vingtaine d’hôpitaux, il donne un rôle pivot aux infirmières, amenées à réaliser des consultations auprès de 1 000 patients.

Si la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde a progressé ces dernières années, grâce à de nouvelles thérapeutiques, des marges de progrès demeurent. Outre les défauts d’observance des traitements, l’apparition de pathologies fréquemment associées à la polyarthrite rhumatoïde préoccupe les spécialistes : maladies cardiovasculaires, infections, ostéoporose, cancers… Tout ceci plaide en faveur d’un suivi plus rapproché des patients. Problème : les rhumatologues sont de moins en moins nombreux ; leur effectif va même baisser d’au moins 30 % d’ici 2030, selon le Pr Maxime Dougados, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Cochin, à Paris (AP-HP).
 
Comment, dans ces conditions, assurer un meilleur suivi des patients ? En délégant des tâches aux infirmières. C’est le postulat du programme hospitalier de recherche clinique Comedra (1), mis en place par Maxime Dougados, et décliné, depuis le mois de janvier 2011, dans vingt hôpitaux français (2). Dans chaque établissement, deux infirmières, en moyenne, participent. « Nous avons été formées pendant deux jours, en janvier (3), relate Françoise Fayet, infirmière au service rhumatologie du CHU de Clermont-Ferrand. Notre rôle consiste, d’une part, à détecter les pathologies associées à la polyarthrite rhumatoïde, d’autre part, à apprendre au patient à calculer le score d’activité de sa maladie, appelé DAS 28 (4) ». C’est à partir d’un questionnaire détaillé et de recommandations de la Société française de rhumatologie que l’infirmière interroge le patient sur d’autres maladies éventuellement développées, au cours d’une consultation qui dure près d’une heure et demie. « A partir de là, nous rédigeons un compte rendu envoyé au médecin traitant et au rhumatologue. Une consultation d’évaluation avec l’infirmière est programmée six mois plus tard », précise Françoise Fayet.
 
« Pré-diagnostic éducatif »
Quant au calcul du DAS 28 – une mesure objective du niveau d’inflammation, que les spécialistes ont rarement le temps d’effectuer en consultation –, il fait l’objet d’une autre consultation. « Le DAS 28 est évalué à partir de l’examen des 28 articulations, de la vitesse de sédimentation, mesurée tous les mois par des analyses biologiques, et de l’appréciation globale du patient, ajoute Françoise Fayet. Lors de la consultation, nous montrons une vidéo au patient pour lui apprendre à établir le DAS 28. Le malade repart avec tous les outils lui permettant de poursuivre cette auto-évaluation une fois par mois. » Le DAS 28 est une information précieuse pour le rhumatologue, puisqu’elle l’aide à ajuster sa prescription. Pour l’infirmière du CHU de Clermont-Ferrand, « ces consultations sont en quelque sorte un pré-diagnostic éducatif ».
 
Plus de 1 000 patients vont participer à ce programme, qui va durer six mois. « Nous pourrons alors évaluer l’impact de ces deux consultations infirmières. L’idée serait de déployer cette démarche dans tous les hôpitaux et d’aller vers la spécialisation d’infirmières en rhumatologie, avec une reconnaissance par les autorités de tutelle, associée à des moyens financiers », conclut le Pr Maxime Dougados.
 
Texte et photo : Nathalie Da Cruz

1 - Comedra : Comorbidities Education Rheumatoid Arthritis.
2 -Hôpitaux Cochin, Lariboisière, Pitié-Salpêtrière et Saint-Antoine à Paris ; hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre ; hôpital Pellegrin-Tripode à Bordeaux ; CHU La Cavale Blanche à Brest ; Hôpital Gabrie- Monpied à Clermont-Ferrand ; CH Hôpital Sud à Grenoble ; hôpital Roger-Salengro à Lille ; CH Lyon Sud ; CH du Mans ; hôpital Sainte-Marguerite à Marseille ; hôpital Lapeyronie à Montpellier ; hôpital de Brabois à Nancy ; CHU l'Archet à Nice ; CHU de Rennes ; hôpital Hautepierre à Strasbourg ; hôpitaux de Toulouse ; hôpital de Bois-Guillaume à Rouen.
3 - Formation assurée avec le soutien institutionnel des laboratoires Roche et Chugai.
4 - DAS : Disease Activity Score.

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