D’autorité, la Caisse de prévoyance sociale de la Polynésie française a décidé de diminuer de 5% le tarif des actes infirmiers. Depuis 2009, les baisses s'accumulent pour les Idels, alors que les charges et l'inflation grimpent.
Depuis novembre dernier, les quelque 180 infirmières libérales de Polynésie française se mobilisent pour tenter d’infléchir la baisse annoncée de 5 % du tarif de leurs actes. Une disposition prise par la Caisse de prévoyance sociale (CPS) — instance dans laquelle ne siège aucun représentant de la profession, et qui doit entrer en vigueur début février.
Si les Idels refusent de signer l’avenant à leur convention d’ici jeudi 31 janvier, une convention individuelle dite « au tarif d’autorité » s’appliquera. « Cela pourrait se traduire par une baisse de 40 % de nos tarifs. Bref, le moindre des actes nous coûtera alors de l’argent », explique Jérôme Fernandez, président du Syndicat des infirmiers libéraux de Polynésie française (SILPF).
« En 2010, nous avions déjà consenti une baisse de 3 % du tarif de nos actes pour participer à l’effort nécessaire, qui visait à rétablir l’équilibre le budget de l’assurance maladie, explique-t-il. Cette baisse devait être ponctuelle. En contrepartie, nous demandions que des réformes structurelles soient réalisées pour redresser le cap de manière pérenne. Or, rien n’a été fait et, de surcroît, on nous oblige aujourd’hui à avaler une nouvelle baisse de 5 %. Dans le même temps, les médecins généralistes voient leur enveloppe maintenue et celle des sages-femmes augmente de plus de 2 %. C’est inacceptable ! »
Indemnités kilométriques divisées par neuf
La collectivité d'outre-mer est en proie à de sérieuses difficultés économiques depuis plusieurs années. Résultat: en dix ans, son inflation a grimpé de 18 % et les charges sociales ont flambé pour atteindre + 954 %, afin notamment de compenser la hausse constante du chômage. « Le financement de la caisse maladie étant à 75 % assuré par les cotisations sociales, son déséquilibre ne fait que grandir », précise Jérôme Fernandez.
La baisse du tarif des actes n’est pas la seule à laquelle doivent faire face les Idels polynésiennes. « Depuis 2009, nos indemnités kilométriques ont été divisées par neuf. Aujourd’hui, on perçoit à peine 8 centimes d’euro par kilomètre. Or, ici, les gens ne se déplacent pas, c’est à nous de le faire. L’an dernier, j’ai parcouru 33 000 kilomètres ! Et le coût de la vie est, en moyenne, supérieur de 40 % en Polynésie par rapport à celui de la métropole », détaille le président. Ce à quoi s’ajoutent les envolées du litre d'essence : + 224 % pour le gazole, +156% pour le sans-plomb. Et d’ajouter : « Sans compter que la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) n’a pas été révisée depuis 2003. De fait, nous ne pouvons profiter de toutes les récentes revalorisations professionnelles. »
Isolées
Malgré leur mobilisation, une pétition qui a recueilli plusieurs milliers de signatures en quelques jours et les rencontres que le syndicat a multiplié avec les pouvoirs publics, les élus locaux et la CPS ces dernières semaines, les négociations semblent au point mort. « Nous avons aussi pris contact avec les syndicats libéraux de métropole et n’avons, à ce jour, reçu aucune réponse, pas même une marque de soutien », se désole le président du SILPF. Isolées, et à 48 heures de l’entrée en vigueur de la nouvelle convention, les Idels n’auront sans doute pas d’autre choix que de parapher l’avenant.
Françoise Vlaemÿnck
Pour plus d'informations, lire l'enquête à paraître dans L'Infirmière libérale magazine de février (n°289).