Les puéricultrices ont manifesté pour réclamer une finalisation de la réforme de leurs études, et pour que les actes exclusifs qu’elles pratiquent actuellement soient enfin reconnus par le Code de la santé publique.
Sirènes et cornets, poupons brandis, slogans chantés : « Marisol, si tu savais, la puer tout ce qu’elle fait ! ». Les puéricultrices ont fêté bruyamment, le 13 juillet, les trente ans de leur programme, devant le ministère des Affaires sociales et de la Santé. « Nous manifestons pour essayer de nous faire entendre, mais aussi nous faire connaître, explique Gwendoline Bourdin, étudiante à l’école de Tours. Les gens ne savent pas qui nous sommes. Il y a même des professionnels de santé qui ne savent pas que la puéricultrice est une infirmière. »
Un programme obsolète
La revendication de cette manifestation, organisée par l’ANDPE (1), porte à la fois sur l’évolution de l’exercice des puéricultrices et la réforme de leur formation. Une formation dont le programme est obsolète. Il ne tient compte ni des nouvelles pathologies, ni de l’évolution de la cellule familiale et des relations parent-enfant, ni des techniques de prises en charge qui existent actuellement. Selon Elisa Guises, formatrice et vice-présidente de l’ANDPE, chaque centre de formation est obligé d’adapter à sa manière ce programme trentenaire : « On pourrait presque prendre chaque ligne et se dire qu’il faudrait soit l’enlever, soit la changer, soit la reformuler. Ce programme ne tient absolument pas compte de ce qu’est la santé de l’enfant aujourd’hui. Cela fait dix ans que nous attendons et dix ans qu’on nous fait comprendre que nous ne sommes pas une préoccupation prioritaire. Nous nous sentons abandonnées par le ministère. »
Le grade master réclamé !
Les puéricultrices demandent que la durée de leur formation soit portée de deux à quatre semestres. Les représentants de l’ANDPE attendent de la part des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur une note de cadrage reconnaissant un grade master à la spécialité de puériculture. Formatrices et étudiantes sont unanimes: un an de formation, cela n’est plus suffisant. Celia Debayle, étudiante puéricultrice, qui est venue de Tours pour manifester, en témoigne : « Nous sommes spécialistes des enfants de la naissance à l’adolescence. Les études en un an, c’est trop condensé. Nous abordons tout, mais il y a des domaines dans lesquels nous sommes frustrées. Nous pouvons nous former ensuite par nous-même, mais nous n’avons pas assez de temps. Nous voulons un master pour mieux prendre en charge les familles. »
Exclusivité des actes
Autre revendication-clé des puéricultrices, la reconnaissance d’actes exclusifs. La consultation de puéricultrice, régulièrement pratiquée, aussi bien en hospitalier, qu’en PMI, en libéral, ou en crèche, avec l’accompagnement à la parentalité, n’a toujours pas trouvé de place dans la nomenclature. « Nous répondons à un besoin des familles, qui n’est ni reconnu ni valorisé » résume Sébastien Colson, président de l’ANDPE. Un président très déçu par sa rencontre la veille avec les représentants des cabinets ministériels concernés. La finalisation de la réforme des études de puériculture dépendra d’un rapport des inspections générales des deux ministères qui tarde à être remis. Et la reconnaissance d’actes exclusif ne semble nullement d’actualité.
Marie-Capucine Diss
(1) Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes