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Après 18 mois de restrictions sanitaires, les étudiants ont pu retrouver les bancs de la fac. Mais dans certains Ifsi, la reprise des enseignements en présence de tous les apprentis infirmiers n’est toutefois pas encore d’actualité.
Finis jauge et cours à distance, place à des effectifs à 100 % sur les campus et dans les salles de cours ! Tel était du moins l’objectif affiché par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans une circulaire, à la veille de cette rentrée universitaire 2021. Avec, en creux, la volonté d’un retour à la normale pour les étudiants, très marqués par les conséquences de la crise sanitaire sur leur formation. « Ils n’en peuvent plus d’avoir des cours à distance, confirme Pauline Blanchemanche, directrice suppléante à l’Ifsi de l’hôpital Foch, à Paris. Si nous avions fait une rentrée comme celle de l’année dernière, nous aurions pris le risque de ne plus revoir les étudiants. C’est pourquoi nous étions ravis de pouvoir accueillir à nouveau l’ensemble de nos promotions dans nos locaux. » Dans sa circulaire, le gouvernement laisse toutefois la possibilité aux établissements d’enseignement supérieur d’ajuster leurs formations en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Une option que l’Ifsi Clemenceau, rattaché aux Hospices civils de Lyon, a choisi de prendre en maintenant une partie de sa formation infirmière en distanciel. Résultat : au sein de cet établissement, si les étudiants ont librement accès aux bâtiments, 80 % des enseignements se déroulent encore en ligne. « Hormis certains travaux pratiques, on vient rarement plus d’une fois par semaine à l’école, témoigne Thomas Hostettler, ESI en 3e année et secrétaire général de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). C’est très peu, et il faut imaginer l’état dans lequel sont les étudiants inscrits en première année qui, eux, ont vraiment besoin d’être accompagnés. »
Deux poids, deux mesuresS’il n’est pas idéal pour les ESI, le recours à la formule « hybride » n’en est pas moins un moyen efficace pour faire face à une hausse record du nombre d’inscriptions cette année ; cette dernière, décidée par le gouvernement à la suite du Ségur de la santé en 2020, s’élevant en effet à 2 575 nouvelles places sur l’ensemble du territoire. « Sans cette possibilité de réaliser certains cours en ligne, nous aurions certainement eu plus de difficultés à augmenter nos capacités d’accueil, ne serait-ce que parce que nos locaux sont trop justes. Or, en jonglant avec les différentes présences pour que les promos ne se croisent pas en même temps, on a réussi à accueillir 50 étudiants supplémentaires en première année par rapport à 2020 », applaudit Claire Malka, directrice de l’Ifsi du CHU de Poitiers. Reste que, avant d’être rodée, cette organisation demande une logistique importante, parfois au prix de quelques tensions entre les formateurs. Autant d’énergie déployée qui ne sera pas consacrée au suivi des étudiants qui, eux, aimeraient avoir des garanties pour réaliser leurs études dans des conditions optimales. « C’est intéressant d’augmenter les financements pour compenser la hausse des effectifs, mais encore faut-il que les bâtiments pour les accueillir soient en bon état : ce qui est loin d’être le cas dans certaines régions, avance Thomas Hostettler. Rien que dans mon Ifsi, on n’a pas accès au wifi dans certaines ailes de l’école et on ne peut pas aller sur les plateformes en ligne. C’est quand même un frein à l’heure où nos établissements misent sur la numérisation de nos formations ! »
Éléonore de Vaumas